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Condamnée à mort pour avoir abandonné l'islam

May 15, 2014
Condamnée à mort pour avoir abandonné l'islam

Une jeune femme chrétienne a été condamnée jeudi à la peine de mort par pendaison pour apostasie au Soudan, provoquant la colère des États-Unis et du Royaume-Uni.

Née d'un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag (sur la photo avec son mari Daniel Wani) a été condamnée en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan depuis 1983 et qui interdit les conversions sous peine de mort.

«Nous vous avions donné trois jours pour abjurer votre foi mais vous avez insisté pour ne pas revenir vers l'islam. Je vous condamne à la peine de mort par pendaison», a déclaré le juge Abbas Mohammed Al-Khalifa à l'adresse de la jeune femme, voilée et vêtue d'une robe traditionnelle soudanaise, qui est restée impassible.

Avant le verdict, un chef religieux musulman avait en vain cherché à la convaincre à retourner à l'islam, mais elle a avait dit calmement au juge: «Je suis chrétienne et je n'ai jamais fait acte d'apostasie».

Durant ce procès devant la cour criminelle de Haj Yousef, une banlieue de Khartoum où vivent de nombreux chrétiens, Mme Ishag, mariée à un chrétien du Soudan du Sud, a également été condamnée à 100 coups de fouet pour «adultère».

Selon l'interprétation soudanaise de la charia (loi islamique), une musulmane ne peut épouser un non-musulman, et toute union de ce type est considérée comme un «adultère».
Le département d'État américain s'est dit «profondément troublé» par cette condamnation à mort, appelant le gouvernement du Soudan à «respecter le droit à la liberté religieuse consacré dans sa propre Constitution intérimaire de 2005».

Le Royaume-Uni, par la voix de son ministre chargé des questions africaines Mark Simmonds, s'est dit «horrifié» par cette «condamnation barbare qui témoigne du véritable fossé entre les pratiques des tribunaux soudanais et les obligations du pays en matière de droits de l'homme».

De même, l'organisation Amnesty International s'est déclarée «horrifiée», exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de cette femme de 27 ans, «enceinte de huit mois» et «détenue avec son fils de 20 mois».

Une centaine de personnes étaient venues au tribunal pour entendre le verdict, dont des diplomates étrangers. «Nous sommes choqués et très tristes d'entendre ce verdict, qui n'est pas en conformité avec la propre Constitution du Soudan et des obligations internationales», a dit l'un d'eux.

«Jugez plutôt les corrompus!»

L'un des avocats de la jeune femme, Mohanad Mustafa, a indiqué que la défense ferait appel, et qu'elle était prête à s'adresser à la Cour constitutionnelle.

En cas d'exécution, Mme Ishag serait la première personne mise à mort pour apostasie, en vertu du code pénal de 1991, selon le groupe de défense des libertés religieuses, Christian Solidarity Worldwide.

«Le fait qu'une femme a été condamnée à mort pour son choix religieux, et à la flagellation pour être mariée à un homme soi-disant d'une religion différente est épouvantable», a souligné Amnesty International. «L'adultère et l'apostasie sont des actes qui ne doivent même pas être considérés comme des crimes».

Si les peines de flagellation sont souvent exécutées au Soudan, la peine de mort l'est rarement.

À l'extérieur du tribunal, une cinquantaine de personnes ont manifesté, scandant «non à l'exécution de Meriam». Des sit-in se tiendront jusqu'à sa libération, a dit l'un d'eux.
Mais un autre petit groupe, favorable au jugement, était aussi sur les lieux: «C'est une décision de justice. Pourquoi êtes-vous réunis ici?» a lancé un membre.

«Pourquoi voulez-vous exécuter Meriam ? Et pourquoi ne présentez-vous pas les corrompus à la justice?», lui a rétorqué l'un des défenseurs de la jeune femme, en allusion à la corruption qui sévit dans le Soudan.

Selon Amnesty International, Mme Ishag a été élevée en tant que chrétienne orthodoxe, la religion de sa mère, car son père, un musulman, était absent pendant son enfance.
Christian Solidarity Worldwide a affirmé que les «actes répressifs» contre les minorités religieuses au Soudan, dont les expulsions, la confiscation et la destruction de propriétés de l'Église, ont augmenté depuis fin 2012.

Le ministre soudanais de l'Information Ahmed Bilal Osmane a cependant démenti mardi toute oppression des chrétiens. «Nous vivons ensemble depuis des siècles». – AfricaLog avec agence