Malala, la jeune lauréate pakistanaise du prix Nobel de la paix, a appelé lundi les dirigeants nigérians et la communauté internationale à faire plus pour la libération des adolescentes enlevées à Chibok l'an dernier et toujours otages des islamistes de Boko Haram au Nigeria.
Presque un an jour pour jour après le kidnapping massif des jeunes filles dans un lycée du nord-est du Nigeria, on est toujours sans nouvelle de 219 d'entre elles.
Ce rapt, puis les propos choquants tenus par le chef de Boko Haram Abubakar Shekau promettant dans une vidéo de les «vendre comme esclaves» ou de les «marier de force», avaient suscité une vague d'indignation internationale.
Selon les derniers chiffres du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) publiés lundi, près de 800 000 personnes parmi les 1,5 million de déplacés par les violences de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, sont des enfants.
Plus de 300 écoles ont été détruites ou gravement endommagées entre janvier 2012 et décembre 2014, avec 196 enseignants et 314 écoliers tués sur cette même période dans la région.
Les enfants du nord-est du Nigeria sont de plus en plus la cible d'enlèvements, de violences sexuelles, et de mariages forcés. Ils sont également exploités comme «armes de guerre», enrôlés de force ou utilisés comme kamikaze pour des attentats-suicide, toujours selon l'UNICEF.
«Mes courageuses soeurs», écrit-elle, «ils doivent faire beaucoup plus d'efforts pour votre libération. Avec beaucoup d'autres, je fais pression sur eux pour que vous soyez libérées».
La lettre de Malala, qu'elle présente comme «un message de solidarité et d'espoir», est publiée alors qu'une série d'initiatives est prévue dans le monde pour marquer les douze mois de captivité des lycéennes, telles que des marches, prières et veillées.
Le 14 avril 2014, des combattants de Boko Haram avaient pénétré dans un dortoir de l'école secondaire de Chibok, une ville de l'État de Borno dans le nord-est du Nigeria où l'insurrection islamiste faisait rage depuis des années, et avaient emmené 276 adolescentes. Cinquante-sept jeunes filles étaient parvenues à échapper à leurs ravisseurs par la suite.
Les autorités nigérianes, en particulier le président Goodluck Jonathan, battu à l'élection présidentielle du 28 mars dernier, avaient été très critiquées pour leur insensibilité et leur inaction apparentes devant le sort tragique des jeunes filles.
«Ne perdez pas espoir»
Une campagne internationale relayée par les réseaux sociaux avec le message «Ramenez-nous nos filles» s'était déroulée pendant plusieurs semaines pour faire pression sur les autorités nigérianes.
Pour Malala, il y a maintenant «des raisons d'espérer». «Les forces nigérianes regagnent des territoires et protègent davantage d'écoles», écrit-elle.
«Le nouveau président élu du Nigeria Muhammadu Buhari a promis de faire de votre libération une priorité, et que son gouvernement ne tolérera pas les violences contre les femmes et les filles», a-t-elle ajouté.
«J'attends avec impatience le jour où je pourrai embrasser chacune d'entre vous, prier avec vous et fêter votre libération avec vos familles. Jusque là , restez fortes et ne perdez jamais espoir. Vous êtes mes héroïnes», écrit Malala.
Âgée de 17 ans, gravement blessée en 2012 par les balles des taliban qui refusent que les filles aillent à l'école - à l'instar de Boko Haram, dont le nom signifie «l'éducation occidentale est un péché» - Malala a été récompensée par le prix Nobel de la paix en 2014 et est devenue une championne de la défense du droit des femmes à l'éducation.
Elle a annoncé qu'un fonds monté à son nom permettra aux adolescentes de Chibok de poursuivre leur scolarité après leur libération.
Malala avait déjà lancé un appel en leur faveur en février, au 300e jour du rapt, et s'était rendue au Nigeria en juillet 2014 pour pousser les autorités à agir. – AfricaLog avec agence