La candidate de l'extrême droite à la présidentielle française, Marine Le Pen, donnée qualifiée au second tour, a concentré les critiques du centriste Emmanuel Macron et de ses trois autres concurrents lors d'un débat clé lundi à un mois du premier tour.
Dans cette campagne scrutée à l'étranger où l'enjeu majeur porte sur la capacité de l'extrême droite à conquérir le pouvoir après la victoire aux États-Unis du populiste Donald Trump et du Brexit, la chef du Front national a été attaquée sur ses positions sur l'immigration, la sécurité, l'euro ou encore l'éducation.
Ce débat télévisé sur la chaîne TF1 entre les cinq principaux candidats a marqué le véritable lancement d'une campagne jusqu'à présent dominée par l'inculpation du conservateur François Fillon dans une affaire d'emplois présumés fictifs, qui l'a fait chuter de favori à la place de troisième homme.
Désormais présenté comme le mieux placé pour battre Marine Le Pen, 48 ans, au second tour le 7 mai, Emmanuel Macron, 39 ans, a accusé sa rivale de chercher «à diviser la société». La candidate anti-Europe et anti-immigration, seule femme en lice, prône la «priorité nationale» et le «patriotisme économique».
Selon les sondages, les deux frères ennemis de la gauche, le représentant de l'aile radicale Jean-Luc Mélenchon, 65 ans, et le socialiste Benoît Hamon, 49 ans, ferment le ban des principaux candidats. En dépit de meetings réussis ce week-end, les deux hommes peinent à faire décoller leur campagne.
Alors que la candidate d'extrême droite venait d'évoquer dans les débats sa volonté de construire «40 000 places de prison» supplémentaires, François Fillon a estimé qu'il s'agissait de «promesses qui ne seront pas mises en oeuvre».
Dans un pays frappé par une vague d'attentats jihadistes sans précédent en 2015 et 2016, l'attaque samedi d'une patrouille militaire par un délinquant se disant prêt à «mourir» au nom d'Allah a ravivé les craintes sur la sécurité. De récents faits divers, comme la fusillade dans un lycée du sud-est la semaine dernière, ont aussi alimenté le débat sécuritaire.
Sur le plan économique, la chef de file de l'extrême droite s'est également fait étriller sur son projet de sortie de l'euro, élément central de son programme.
«Le vrai serial killer du pouvoir d'achat, c'est Mme Le Pen avec la sortie de la zone euro», a lâché François Fillon. «Tous ceux qui voulaient le Brexit se sont carapatés et n'ont pas voulu être au pouvoir», a renchéri M. Macron, partisan d'«une France forte dans une Europe forte» qui a rencontré la chancelière Angela Merkel à Berlin jeudi.
Les échanges de ce premier débat présidentiel ont permis de confronter les projets sans s'appesantir sur les affaires judiciaires qui visent directement les candidats Fillon et Le Pen.
M. Fillon, 63 ans, est apparu à l'aise et offensif dans les échanges, loin des affaires qui ont plombé sa campagne et ont semé la discorde jusque dans son propre camp.
Parti favori, il a vu sa popularité chuter après des révélations fin janvier sur des emplois fictifs accordés à son épouse Penelope et deux de ses enfants. Il a été inculpé mi-mars pour «détournement de fonds publics», du jamais vu dans une campagne présidentielle en France.
Celui qui avait fait de la probité en politique un thème phare des premières semaines de sa campagne a dénoncé «un assassinat politique» à son encontre.
La fille du cofondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, est elle aussi visée par des affaires d'emplois fictifs au Parlement européen et de financement illégal de campagne mais ces tourments n'entament pas sa popularité. Elle a refusé de se rendre à une convocation de la justice en se bornant à dénoncer «une cabale politique».
Jean-Luc Mélenchon a néanmoins appelé lundi soir les électeurs à «récompenser les vertueux», leur demandant de faire la différence entre ceux qui, parmi les candidats à la présidentielle, sont concernés par les affaires judiciaires et les autres.
Après des primaires à droite et à gauche qui ont scellé la défaite surprise des favoris de chaque camp - l'ex premier ministre Alain Juppé et l'ex premier ministre socialiste Manuel Valls -, l'incertitude continue de planer sur l'issue du scrutin.
Selon les sondages, 40% des électeurs peuvent encore changer d'avis et seuls deux tiers sont certains d'aller voter au premier tour. – AfricaLog avec agence