Les électeurs du Congo-Brazzaville se rendaient aux urnes dimanche pour une élection présidentielle dont Denis Sassou Nguesso, chef de l'Etat sortant et candidat de la majorité, était le grand favori face à une opposition divisée et boycottant en partie le scrutin.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7h (6h GMT) et doivent fermer à 18h (17h GMT) sur l'ensemble du territoire de ce pays d'Afrique du centre-ouest. Dans la capitale Brazzaville, où tout se déroulait dans le calme, les électeurs n'étaient pas nombreux dimanche matin. "Il est encore trop tôt pour espérer une grande affluence des electeurs", expliquait Antoine Ngatse, chef d'un bureau de vote à Talangaï, quartier nord de Brazzaville acquis à Denis Sassou Nguesso. Le président sortant est arrivé au pouvoir en 1979 après un coup d'Etat et a dirigé le pays jusqu'à une défaite électorale en 1992. Un nouveau coup de force, avec l'aide de l'Angola, lui a permis de reprendre la tête du pays en 1997. Il a été réélu en 2002, après avoir remanié la Constitution pour accroître les pouvoirs présidentiels. Denis Sassou Nguesso, qui brigue un nouveau mandat de sept ans, est soutenu par la majorité. Celle-ci comprend le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) de l'ancien Premier ministre Bernard Kolelas, dont le parti contrôle les deux tiers de Brazzaville, et l'Union des forces démocratiques (UFD) de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Charles David Ganoa, qui contrôle le centre du pays. Le président sortant possède aussi l'appui du Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD) de l'ex-président Jacques Joachim Yhomby Opango, également un transfuge de l'opposition. Denis Sassou Nguesso affronte 12 adversaires mais six d'entre eux, dont le principal Mathias Dzon, ont appelé au boycott du scrutin, sans pour autant retirer leur candidature. Pour ces candidats du Front des partis de l'opposition au Congo (FPOC), les conditions d'une élection libre, transparente et démocratique ne sont pas réunies. L'Eglise catholique, majoritaire parmi les chrétiens, a en revanche exhorté les 3,6 millions de Congolais à se rendre aux urnes plutôt qu'à la messe dimanche. Vendredi soir, le dernier meeting de campagne de la majorité à Brazzaville a drainé plus de 100.000 personnes, contre 4.000 pour l'opposition, selon la police. "Il s'agit d'un aveu d'impuissance de cette opposition divisée en plusieurs tendances et qui n'est pas arrivée à soutenir un candidat unique face à la majorité", analyse Maurice Gangoué, membre de l'association Thomas-Sankara, une ONG de défense des droits de l'Homme au Congo. Il prédit même une possible victoire de M. Sassou Nguesso dès le premier tour. En ce qui concerne la transparence du scrutin, Marie Alphonse, enseignante à l'université Marien-Ngouabi de Brazzaville, n'exclut pas de "petites erreurs" dans les listes électorales mais cela ne devrait selon elle pas remettre en cause la popularité du président, qui "bénéficie du soutien d'anciens grands dirigeants ayant quitté l'opposition". Quelque 170 observateurs de l'Union africaine, de la Communauté economique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) et des pays des Grands Lacs ainsi que des observateurs nationaux sont mobilisés pour ce scrutin, supervisé par la Commission nationale des élections (Conel). En France, Denis Sassou Nguesso est l'un des trois chefs d'Etat africains visés par une plainte pour corruption concernant les conditions d'acquisition de leur patrimoine français. Les deux autres mis en cause dans "l'affaire des biens mal acquis" sont le Gabonais Omar Bongo, mort le 8 juin dernier à l'âge de 73 ans, et le président de la Guinée-Equatoriale Théodore Obiang. AP