Plusieurs personnes ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©es au Cameroun, «fortement suspectĂ©es» d’être impliquĂ©es dans le meurtre d’un journaliste enlevĂ© puis «assassiné» après avoir Ă©tĂ© manifestement torturĂ© mi-janvier, a annoncĂ© jeudi la prĂ©sidence. Â
Martinez Zogo était le directeur général de la radio privée Amplitude FM, et animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage, dans laquelle il dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption au Cameroun, dirigé d’une main de fer depuis plus de 40 ans par un même homme, le président Paul Biya, et son tout puissant parti.
Enlevé le 17 janvier par des inconnus dans la banlieue de la capitale Yaoundé devant un poste de gendarmerie, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit «Martinez», 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. «Son corps a manifestement subi d’importants sévices», avait annoncé le gouvernement.
M. Biya a ordonnĂ© «une enquĂŞte mixte gendarmerie-police» sur l’«assassinat» de Martinez Zogo et «les investigations […] ont, Ă ce jour, permis l’arrestation de plusieurs personnes dont l’implication dans ce crime odieux est fortement suspectĂ©e. D’autres restent recherchĂ©es», a indiquĂ© dans un communiquĂ© le ministre d’État et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique, Ferdinand Ngoh Ngoh. Â
«Les auditions en cours et les procédures judiciaires qui s’ensuivront permettront de circonscrire le degré d’implication des uns et des autres et d’établir l’identité de toutes les personnes impliquées», promet-il.
Le communiqué ne livre aucun détail supplémentaire.
Le meurtre de Martinez Zogo avait suscitĂ© une forte Ă©motion au Cameroun, mais aussi Ă l’étrangerÂ
Dans une tribune publiée jeudi par le journal français Le Monde, une vingtaine de personnalités camerounaises, notamment l’écrivaine Calixthe Beyala, ou l’intellectuel Achille Mbembe, font part de leurs «vives préoccupations face à la tournure violente du débat public».
Elles déplorent notamment que, depuis la découverte du corps du journaliste, «aucune information officielle n’a été donnée par les autorités sur le déroulement de l’enquête», dénonçant une «longue tradition de banalisation de l’impunité et d’acceptation de l’atrocité visant à faire peur et à détourner les citoyens de leur devoir de veille sur la qualité de la gestion des affaires publiques». - AfricaLog avec agence