Des Camerounais qui ont commémoré dimanche le dix-neuvième anniversaire du décès de l'ex président Ahmadou Ahidjo, enterré à Dakar au Sénégal, ont exprimé le vœu de voir les restes du premier président camerounais (1960-1982) rentrer au pays.
Pour le combattant Mboua Mbassock de l'Union des populations du Cameroun (UPC), « le retour des restes de l'ancien président Ahmadou Ahidjo devrait faire partie des priorités du pouvoir actuel pour permettre aux Camerounais de se réconcilier avec un pan de son histoire ». Bien que c'est sous le précédent régime que des dirigeants nationalistes ont été massacrés avec l'appui de la France, ce dirigeant de l'UPC pense « qu'au-delà du retour des restes et l'organisation des obsèques nationales à l'ex-chef de l'Etat ». Selon lui, « il faudrait également envisager la réhabilitation totale des anciens dirigeants de l'UPC traqués par le régime Ahidjo, mais dont le sort presque commun aujourd'hui voudrait qu'on efface les tares du passé pour repartir sur de nouvelles bases ». A Garoua dans le Nord du pays dont était originaire le président Ahidjo, on pense que le pouvoir devrait tout faire pour permettre le retour des restes du président Ahidjo. Toutefois, le Lamido de cette ville, Garga Alim Hayatou, estime qu'il faut éviter toute récupération politique autour de ce problème, d'autant que selon l'Islam, il n'y a pas de conditionnalité que le musulman soit forcément enterré chez lui. Côté gouvernement, aucune déclaration n'a été faite dans ce sens, même si on sait que le président Paul Biya a toujours affirmé que l'initiative du retour des restes du président Ahmadou Ahidjo relève de la famille du défunt. Cette position a toujours été récusée par la famille de l'ex-président, notamment son épouse Germaine Ahidjo qui vit au Sénégal «auprès de son époux », et qui soutient que les fonctions qu'a occupées son mari en font « un patrimoine national du Cameroun qui ne saurait limiter à sa famille ». Né en 1924, Ahmadou Ahidjo a accédé à la magistrature suprême en 1960 avec l'accession du Cameroun à l'indépendance. I
l a été plusieurs fois ministre et député, avant de devenir Premier ministre chef du gouvernement en 1958 sous la bannière de l'Union camerounaise (UC). Il dirigea le pays de main de fer, imposant notamment le monopartisme en 1966 où sa formation politique l'Union nationale camerounaise (UNC), se confondait à l'Etat. A son actif, des grandes réalisations économiques, à travers un programme de développement basé sur les plans quinquennaux. Suite à sa démission à la tête de l'Etat le 4 novembre 1982, il resta président du parti UNC après qu'il ait préalablement changé la Constitution faisant état de la primauté du parti sur les fonctions du président de la République. Accusé d'avoir fomenté un putsch contre les institutions en 1984, Ahidjo fut condamné à mort par contumace avant de se réfugier en France, puis au Sénégal où il mourut le 30 novembre 1989. Il a été réhabilité et amnistié avec d'autres responsables politiques et militaires en 1991, et son fils aîné Mohamadou Ahidjo est député sous la bannière de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), une formation politique qui depuis dix ans fait partie de la majorité présidentielle. - APNews