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Election ivoirienne: rivaux déclarés pour une bataille menacée de report

Oct 18, 2009

Décor planté, rôles distribués, mais quand jouera-t-on la pièce ? Si tous les candidats sont désormais déclarés, l'incertitude règne encore sur l'élection présidentielle ivoirienne, l'échéance du 29 novembre apparaissant de plus en plus improbable.

Au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, Laurent Gbagbo a attendu le dernier jour pour se lancer. Vendredi, le chef de l'Etat a déposé sa candidature, contre "ceux qui n'aiment pas la Côte d'Ivoire" et les candidats de "l'étranger".

Une pierre dans le jardin de ses deux principaux rivaux, l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, accusés par le camp présidentiel d'être soutenus par la France.

Les deux opposants s'étaient engagés dans la bataille beaucoup plus tôt que Gbagbo, enchaînant les tournées à travers le pays.

Bédié, chef du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique), pourfend sans relâche le pouvoir en place et n'en finit pas de célébrer l'époque du "Père de la Nation", Félix Houphouët-Boigny (1960-1993).

Quant à Ouattara, il prône partout la "réconciliation", tâchant de se défaire de l'image - toujours récusée par l'intéressé - d'inspirateur de la rébellion qui, depuis le coup d'Etat manqué de 2002, contrôle le nord.

Le processus électoral passe un cap maintenant que tous les concurrents sont connus, mais des interrogations de plus en plus lourdes pèsent sur le 29 novembre, pour un scrutin sans cesse reporté depuis 2005.

De quoi inquiéter Paris qui, par la voix du secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet, a martelé cette semaine que l'élection devait "absolument" se tenir à la date prévue. Avant de concéder un peu plus tard qu'un léger report ne poserait pas de problème.

Le Premier ministre Guillaume Soro, chef des ex-rebelles, avait réagi vivement depuis Pékin à ses premières déclarations, et demandé à l'ex-puissance coloniale de faire preuve de "considération" pour son pays.

"Une élection contestée, ce n'est pas un mois de perdu, ce sont des années", a-t-il fait valoir, défendant la nécessité d'une bonne liste électorale provisoire.

C'est que l'élaboration de la liste a mis au jour une difficulté de taille: la présence, parmi les quelque 6,4 millions d'électeurs potentiels recensés, de pas moins de 2,7 millions de cas litigieux.

Ces personnes n'ayant été retrouvées ni sur la liste de la présidentielle de 2000, ni sur les registres administratifs retenus, rien ne garantit leur nationalité.

Dans un pays où la question de l'identité, et donc de la fraude, est toujours prête à déchaîner les passions, la nouvelle a créé un profond malaise.

"C'est le pire des scénarios", lâche une source onusienne. "Un grand trou noir", confirme un expert.

Les structures techniques se sont donc lancées dans de nouvelles recherches pour valider des électeurs supplémentaires, et réduire le volume du contentieux qui conduira à la liste définitive. Le chiffre, non confirmé, d'"un million" d'électeurs ainsi récupérés a été évoqué.

Mais le rendez-vous du 29 novembre est d'ores et déjà compromis, affirme une source proche du dossier, qui ne juge pas possible un premier tour "avant la fin décembre".

Une prochaine réunion des dirigeants ivoiriens autour du "facilitateur", le président burkinabé Blaise Compaoré, pourrait alors servir à fixer un nouveau calendrier, selon des observateurs.

"On n'attendra pas le matin du 29 pour annoncer un report", glisse-t-on dans l'entourage du Premier ministre. - AFP