En 2013, le Gouvernement et l’opposition s’étaient accordés, pour la tenue des élections législatives, sur quatre points : les questions liées à l'opérateur technique et au fichier électoral, le fonctionnement de la CENI, le vote des Guinéens de l'extérieur, le chronogramme électoral. Cette rencontre avait abouti à l’adoption de l’Accord politique du 3 juillet de la même année.
C’est pour faire «l’évaluation de l’application des dispositions» de cet Accord qu’a été convoqué le cadre de dialogue entre les représentants de l’opposition républicaine (parlementaire et extra-parlementaire) et le pouvoir. Un cadre de dialogue politique qui s’est déroulé dans la salle des Actes du Palais du peuple et qui a pris fin le samedi, 5 juillet 2014 avec pour acquis:
- mise en place (réactivation) du Comité de suivi et du Comité de veille. Un arrêté du Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation est attendu dans ce sens;
- les conclusions auxquelles sont parvenues les deux parties devront être formalisées dans un document final qui fera l’objet de signatures de tous les participants au cadre de dialogue;
- exit les opérateurs Waymark et Sabary technology de tout processus électoral;
- la recherche d’un nouvel opérateur technique à travers un appel d'offres international.
Avec des Facilitateurs locaux, la modération était assurée par le Ministre d’Etat, Ministre de la Justice qui apprécie le déroulement des deux jours de travaux en ces termes: «L'important est qu'après deux jours de débat, débat fructueux dans l'intérêt national sur l’Accord politique du 3 Juillet, on est arrivé à purger les cinq points qui ont été retenus hier. C’est une avancée pour notre pays que l’opposition républicaine et la majorité présidentielle puissent discuter sur des points touchant l’intérêt national. C'est indispensable et important. Il y a eu consensus sur tous les points».
Et Me Cheick Sakho de citer: «le choix de l’opérateur technique ; la question des élections communales ; la neutralité de l’Administration [centrale, déconcentrée et décentralisée ; NDLR] par rapport aux partis politiques ; l’accès aux médias [d’Etat ; NDLR]des partis politiques d’opposition ; la recherche et la sanction des auteurs d’infractions à caractère politique et aux manifestations liées aux dernières élections législatives ; l’indemnisation des victimes».
Pour lui, toutes ces questions ont fait «l’objet d’un débat, d’un échange d’idées, de propositions» et le document final qui en sera issu «sera paraphé par tout le monde», précise le Ministre modérateur qui s’est réjoui qu’«Un comité de suivi a été installé, le Ministre de l'Administration du Territoire va prendre un arrêté pour donner forme à cela. Un comité de veille également, a été installé. Tous ces deux organes additifs montrent la volonté des parties et du gouvernement d'avancer sur ce chemin».
Le point de vue du Porte-parole de l’opposition républicaine : «Nous avons eu un consensus sur toutes les questions. Nous avons pris des dispositions de manière à ce que ce consensus se reflète effectivement dans la réalité. Et, probablement le mardi prochain [8 juillet 2014 ; NDLR], nous allons formaliser tout ça dans un relevé de conclusions qui va faire l’objet de conclusion», a avancé Aboubacar Sylla.
Le chef de file de la mouvance présidentielle dira que «Ce jour est historique. C’est un grand jour pour notre pays. La Guinée a franchi un grand pas dans la promotion de la démocratie. Aussi bien, l'opposition que la mouvance [présidentielle], a fait ses offres de bonne volonté. Tout ce qui est mauvais pour la promotion de la démocratie, la paix et l'unité nationale a été dénoncé. Et des solutions appropriées ont été proposées par la mouvance [présidentielle]. A commencer par les élections communales, tout ce qui compromet le déroulement d'une élection apaisée, transparente a été dénoncé et écarté par la mouvance [présidentielle]». Dr Saliou Bella Diallo estime que le mérite revient «au Président de la République qui a demandé personnellement à ce que tout soit bien fait. Et je vous assure que c’est la Guinée qui gagne».
D’autre part, le Porte-parole de la délégation de la mouvance présidentielle a révélé: «Dès les premiers pas, on était d'accord que Sabary [Technology] et Waymark ne puissent plus opérer avec la CENI. Puisque selon les clauses du dernier dialogue [celui de 2013 ; NDLR], dès après le toilettage du fichier électoral avant même l'organisation des élections, ils devaient rendre le tablier et laisser le gouvernement, les facilitateurs et les partenaires continuer le processus. A l'étonnement de la mouvance, Sabary continue à travailler avec Waymark et la CENI. C'est pourquoi la mouvance a été la première à dénoncer ce comportement».
Justement, face aux accusations de retard imputé à la CENI, le délégué de l’institution en charge d’organiser les élections en Guinée au cadre de dialogue, Pathé Dieng, a réagi: «En retard par rapport à quoi ? Jusqu’à aujourd’hui, la CENI est bel et bien dans le délai ! De la rédaction du cahier des charges, le recrutement d’un consultant jusqu’au recrutement dans les normes des lois du marché public guinéen, nous disposons de 99 jours. Donc, jusque-là , je ne pense pas qu’on soit en retard».
Pour le délégué de l’UFR, Mohamed Tall, «La CENI nous a développé une thèse qui aurait pu tenir la route si on n'avait pas été victime de Sabary [Technology]. La CENI a dit qu'on ne peut pas corriger les anomalies sans Sabary, qui a fait le premier fichier. Mais seulement en ce qui concerne l'opposition, Sabary ne nous inspire pas confiance, et à juste raison d'ailleurs. Nous avons beaucoup d'appréhensions. Nous craignons fort qu'en laissant intervenir Sabary à nouveau sur le fichier, qu'elle ne contribue à le détériorer davantage. Bien entendu, Sabary et Waymark ne peuvent pas être soumissionnaires».
Même son de cloche de la part d’Aboubacar Sylla: «Nous sommes d'accord que Waymark et Sabary [Technology] arrêtent définitivement leur intervention auprès de la CENI. Nous sommes donc d'accord qu'à partir d'aujourd'hui, on peut considérer qu'on va mettre fin au contrat liant la CENI à la société Sabary [Technology] de manière à ce que d'autres dispositions soient prises pour continuer la correction du fichier avant le recrutement d'un nouvel opérateur technique tel que prévu dans l'accord du 3 Juillet 2013».
Par rapport à la conduite des débats, l’appréciation, fait rarissime, est venue de l’opposition républicaine à travers le délégué du Bloc libéral, Dr Faya Millimouno: «Il faut dire que pour une fois, j’ai constaté un changement surtout au niveau du modérateur en la personne du Ministre d’État à la Justice. Il a fait preuve d’un comportement républicain et il faut le mentionner. Nous sommes de l’opposition, nous critiquons quand ça ne va pas, mais nous reconnaissons quand ça va. La manière dont le Ministre de la Justice a conduit les débats a été républicaine, ça été à l’honneur de notre pays. J’ai eu cette impression et j’ai beaucoup apprécié le respect avec lequel il a conduit les débats. Il ne s’est pas penché d’un côté ni de l’autre. Il est resté neutre pour faire triompher la vérité et le droit, ceci est à apprécier».
Il souhaite d’autre part que «La CENI travaille désormais avec le Comité de suivi pour que les élections communales soient organisées après la correction des anomalies qui ont été constatées».
Le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation invite aussi la CENI à «faire vite afin que le processus électoral avance. La tenue des élections communales et communautaires est fondamentale car on a des maires qui sont là depuis 9 ans», a souligné Dr Alhassane Condé qui s’est félicité par ailleurs que «Nos frères de l’opposition ont décidé de revenir à l’Assemblée nationale. En tant que Ministre de l’Administration du Territoire, cela me réjouit. La finalité du dialogue est de nous permettre d’aller de l’avant car le dialogue est très important dans un pays», fera-t-il remarquer.
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