Le président français François Hollande appellerait à voter Nicolas Sarkozy, qu'il surnomme pourtant "De Gaulle le petit", si le second tour de la présidentielle de 2017 l'opposait à Marine Le Pen. C'est ce qui ressort d'un ouvrage d'entretiens paru mercredi.
Dans "Un président ne devrait pas dire ça...", les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme rendent compte de 61 conversations avec le chef de l'Etat. Il se livre sur de nombreux sujets, notamment Nicolas Sarkozy dont il dresse un portrait assassin: "De Gaulle le petit", "lapin Duracell toujours en train de s'agiter", "sa grossièreté, sa méchanceté, son cynisme", "son obsession de l'argent".
"Sa ligne, c'est la peur. La peur de l'immigration, du fanatisme religieux, de l'Afrique. Il pense que c'est sur ça que l'élection présidentielle se jouera, les peurs", affirme François Hollande à l'été 2015.
"Il fait le choix de la radicalisation verbale pour aller chercher les électeurs du Front national (FN). Il pense que les électeurs de droite sont partis vers l'extrême droite parce qu'il n'y avait pas assez de coups portés au pouvoir. Donc, au-delà de son tempérament et de son caractère qui peuvent le conduire à ce type d'excès, il y a un calcul", dit-il.
M. Hollande croit, du moins à l'été 2015, que son prédécesseur est en mesure de remporter la primaire de la droite des 20 et 27 novembre prochains. "Normalement, ce devrait être Sarkozy. Parce qu'il maîtrise l'appareil, et parce qu'il va essayer à un moment de taper sur (Alain) Juppé, pas forcément sur l'âge, mais sur le caractère un peu coincé du personnage", dit-il en août 2015.
"Mais si, dans les sondages, il apparaît que Sarkozy ne peut pas gagner ou est fragile, alors les gens iront vers Juppé", ajoute-t-il. Et si le scénario de la présidentielle de 2017 devait être un duel entre l'ancien président et la présidente du Front national, M. Hollande voterait sans hésiter pour le candidat des Républicains.
"Oui, moi je le ferai. J'irai, pour voter contre Le Pen. Il faut se rappeler, c'était déjà très dur pour moi d'appeler à voter Chirac en 2002 (au second tour de la présidentielle contre Jean-Marie Le Pen, ndlr). Aujourd'hui, Chirac a une bonne image, mais à l'époque, il était entouré par les juges, plein d'affaires, et il avait été très pénible dans la cohabitation contre Jospin", relate-t-il.
"On avait appelé à voter Chirac, c'était quand même très courageux. S'il fallait appeler à voter Sarkozy, on le ferait", souligne-t-il. – AfricaLog avec agence