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Funérailles "simples" pour Castro au berceau de la révolution

Dec 04, 2016
Funérailles "simples" pour Castro au berceau de la révolution

Cuba a enterré dans l'intimité dimanche Fidel Castro à Santiago de Cuba, berceau de la révolution castriste dans l'est du pays, lors d'une cérémonie venant clore neuf jours de deuil et tourner la page de plus d'un demi-siècle d'histoire de l'île.

«Il n'y a pas eu de discours, c'était très sobre, il y a juste les cendres qui ont été mises en terre et la famille, le gouvernement, et ensuite tous les officiels, qui étaient là», a rapporté à la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, qui représentait le gouvernement français à ces funérailles empreintes selon elle de «beaucoup de sobriété, de sérénité».

Contrairement à ce qui était attendu, ces funérailles n'ont pas été retransmises en direct par la télévision d'État, tandis que les médias étrangers ont été tenus à bonne distance du cimetière.

Un photographe pu constater à distance que la cérémonie s'est tenue en présence d'une trentaine de personnes, et que Fidel Castro a été enterré près d'un mausolée dédié aux victimes de l'attaque ratée de la caserne de la Moncada à Santiago en 1953, considérée comme l'acte fondateur de la révolution cubaine. Ce mausolée est situé à quelques mètres de celui de José Marti, père de l'indépendance de Cuba.

«C'était très sobre, il y avait les officiels (...) et puis ensuite toute la file qui attendait pour déposer une rose», a déclaré Mme Royal, critiquée en France pour avoir défendu le bilan de Fidel Castro lors de ce voyage à Cuba.

Ces funérailles avaient été précédées d'une courte procession des cendres de Fidel Castro vers le cimetière Santa Ifigenia, devant lequel était massée une foule de plusieurs milliers de personnes qui a scandé «Viva Fidel» au passage de l'urne recouverte d'une coque de verre, placée sur une remorque tirée par une jeep militaire.

Riveraine du cimetière, Marina Brito Carmenati, retraitée de 66 ans, s'est réveillée à 4 heures du matin pour saluer une dernière fois «Fidel». «Je ressens beaucoup de douleur, beaucoup de tristesse, c'est notre père à tous».

«Je suis malade, mais regarde. Je suis là! Pour moi Fidel est un second dieu», confiait à côté d'elle Daisy Vera Ramirez, 59 ans, qui travaille dans un restaurant.

Adulé par certains, honni par d'autres, Fidel Castro a gouverné sans partage sur l'île caribéenne pendant et défié la superpuissance américaine pendant près de 50 ans.

Le cimetière était fermé aux visiteurs depuis plusieurs jours, entretenant le doute sur l'apparence de la future sépulture du «Comandante», qui avait cédé le pouvoir à son frère Raul en 2006 à la suite d'une grave opération intestinale. On ignorait encore dimanche quand il serait de nouveau ouvert au public.

Ces ultimes cérémonies scellent la fin d'un deuil national de neuf jours décrété après le décès de Fidel Castro et marqué par de nombreux hommages à La Havane et en province. Pendant le deuil, autorités et médias d'Etat ont répété à l'envi que l'enjeu était désormais de pérenniser le legs du père de la révolution socialiste.

Samedi soir, Raul Castro a juré, devant les cendres de son frère, de «défendre la patrie et le socialisme», lors d'une cérémonie d'hommage place de la Révolution Antonio Maceo de Santiago.

Fidel «a démontré que cela est possible, qu'on peut renverser tout obstacle, menace, soubresaut, dans notre détermination à construire le socialisme à Cuba», a-t-il insisté.
Prenant de court beaucoup de Cubains, Raul Castro a aussi annoncé qu'aucun lieu ni monument ne porterait le nom de Fidel Castro à Cuba à l'avenir.

«Le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité et a été constant dans cette attitude jusque dans ses dernières heures», a-t-il expliqué.

Pourtant, selon Ted Piccone, spécialiste de l'Amérique latine du centre d'études américain Brookings, cela n'empêchera pas «son souvenir de planer sur Cuba pendant longtemps».
«Considérant l'énorme impact qu'il a eu à Cuba et dans la région, il ne s'agit pas vraiment d'adieux», estime encore l'expert.

Mais tout repose désormais sur les épaules de Raul Castro, qui depuis dix ans mène une lente et timide ouverture de l'économie cubaine, et a été l'artisan d'un spectaculaire rapprochement avec les États-Unis et d'un retour progressif de Cuba dans le concert international. Âgé de 85 ans, il a prévu de laisser le pouvoir à une nouvelle génération à partir de 2018. – AfricaLog avec agence