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Gabon: Ali veut nettoyer les écuries d’Omar

Oct 21, 2009

Je romps, donc je suis. Ainsi pourrait-on résumer l’ambition du tout nouveau président du Gabon, Ali Bongo, de marquer une rupture avec la pratique politique laissée par son père, feu Omar Bongo Ondimba. Par une série de mesures, prises lors de son premier conseil des ministres, tenu le lundi 19 octobre 2009, « Baby Zeus », comme on l’appelle dans certains milieux, prévoit un séisme dans le train de vie d’un Etat peu économe des ressources du pays.

Restreint à 30 postes (contre 44 dans le précédent), le nouveau gouvernement vient en effet d’annoncer la suppression du cabinet privé du chef de l’Etat et de nombreux postes de hauts représentants (hauts- commissaires, hauts conseillers, coordonnateurs …), la fin des dispendieuses cérémonies d’installation des ministres (il est désormais interdit à ces derniers d’aller fêter leur nomination au village) et l’organisation d’audits dans la Fonction publique.

En outre, il a été décidé de la retenue sur salaire en cas de grève. Avec comme signal fort, le rappel au pays de Philibert Andzembé, jusque-là gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), pour son implication présumée dans le détournement de 19 milliards de francs CFA. Le même sort attendrait tous les Gabonais trempés dans ce scandale. Une révolution dans cet émirat pétrolier de l’Afrique centrale.

Venu au pouvoir parce que fils de …, Ali ose le geste iconoclaste qui lui permettra de se faire un prénom à défaut de pouvoir se faire un nom. Il veut s’affranchir de la tutelle d’une vielle bureaucratie politico-administrative, qui a cannibalisé le Gabon pendant 40 ans de corruption, de laxisme, de prébende et de toutes sortes de prédation.

Alors, on ne peut que saluer cette ambition du nouveau locataire du palais du bord de mer de se poser comme le préfacier d’une nouvelle ère de gouvernance. Mais jusqu’où peut aller Ali, le rectificateur, vu qu’il est lui-même un pur produit du système, dont il veut se démarquer aujourd’hui ? Pourra-t-il tenir la bride au tout-puissant clan Bongo, qui contrôle tous les secteurs stratégiques de l’économie et de l’Administration ?

Des questions qui méritent d’être posées, car si le Gabon est ce qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire riche en ressources naturelles mais sous-développé, c’est en très grande partie à cause de la patrimonialisation de l’Etat durant les quatre décennies du règne de Bongo-père. Assurément, le combat ne sera pas aisé pour Ali, qui entend nettoyer les écuries d’Omar. Pour autant, il ne doit pas être abandonné. – L’observateur