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Goodluck Jonathan lance sa campagne sur fond de tensions

Jan 08, 2015
Goodluck Jonathan lance sa campagne sur fond de tensions

Le président nigérian Goodluck Jonathan, candidat à sa réélection mi-février, lance sa campagne jeudi à Lagos, fief de l'opposition, sur fond d'avancée de Boko Haram dans le nord et dans un contexte difficile pour la première économie d'Afrique.

La première réunion du président sortant intervient dans un climat politique extrêmement tendu, à cinq semaines d'une présidentielle annoncée comme la plus serrée depuis le retour à la démocratie, en 1999, du pays le plus peuplé d'Afrique, et pour laquelle certains observateurs prédisent une vague de violences.

Tous les grands axes menant à l'immense place Tafawa Balewa, dans le centre de Lagos, ont été bloqués jeudi matin et les sirènes des cortèges de politiciens ont commencé à retentir plusieurs heures avant l'arrivée de M. Jonathan et le début du réunion, prévu en fin de matinée.

Des centaines de militants vêtus de tee-shirts verts, rouges et blancs - les couleurs du Parti démocratique Populaire (PDP) au pouvoir - à l'effigie du président convergent à pied vers la place, où policiers et soldats sont présents en grand nombre.

M. Jonathan, 57 ans, dirige le Nigeria depuis la mort de son prédécesseur Umaru Yar'Adua en 2010. Il demande un second mandat aux électeurs afin de pouvoir mener à terme ce qu'il appelle son «programme de transformation» du pays.

«Du bon travail en cours. Votez pour le bon travail («good work» en anglais), votez pour Goodluck», proclame jeudi une publicité en double page dans plusieurs quotidiens nationaux.

«Promesses non tenues»

Le candidat du Congrès progressiste (APC, principal parti d'opposition), l'ex- général Muhammadu Buhari, âgé de 72 ans, qui a dirigé une junte militaire dans les années 1980, rétorque par publicité interposée que «sous le mandat (de M. Jonathan), le Nigeria est devenu le champion des promesses non tenues».

Au moment où, dans le nord-est, l'insurrection du groupe islamiste armé Boko Haram semble être totalement hors de contrôle, avec une vingtaine de localités tombées aux mains des insurgés et des attaques sanglantes quasi-quotidiennes, l'ex-dictateur Buhari s'est engagé à rétablir l'ordre.

Il a également promis de faire de la lutte contre la corruption, qui gangrène l'économie et l'administration, un de ses grands chevaux de bataille, alors que les recettes de l'État ont fondu avec la chute historique des cours du pétrole, sa principale source de revenus.
Femi Fani-Kayode, le chef de campagne de M. Jonathan, a durci le ton mercredi, qualifiant M. Buhari de «danger immense» pour l'unité du Nigeria.

M. Buhari, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'État, avait mené une «guerre contre l'indiscipline» particulièrement musclée pendant ses 20 mois de règne.

«Nous ne croyons pas que le Nigeria puisse être gouverné par un homme incapable de tolérer des dissidents, ou par un parti comme l'APC qui n'a aucun sens du remords, de la retenue ou de la décence», a déclaré M. Fani-Kayode dans un communiqué.

L'APC, une coalition de quatre partis d'opposition, a des chances de déloger le PDP cette année, pour la première fois depuis la fin des dictatures militaires il y a 16 ans, selon les experts, même si M. Jonathan reste favori, le président sortant ayant pour habitude de mobiliser d'importants fonds publics pour assurer sa réélection.

L'opposition, qui crie à la chasse aux sorcières depuis plusieurs semaines, notamment après le saccage de ses locaux à Lagos par les services secrets, a dénoncé mardi l'attaque de militants qui se rendaient à une réunion de M. Buhari dans la ville pétrolifère de Port Harcourt (sud), blessés par balles.

Lai Mohammed, le porte-parole de l'APC, a répondu mercredi à M. Fani-Kayode, estimant que «le vrai danger pour la démocratie, c'est Jonathan».

«Avant qu'il ne prenne ses fonctions en 2010, le Nigeria était uni, ce n'est plus le cas aujourd'hui», a poursuivi M. Mohammed. «Nous n'avons pas moins de 20 000 km carrés de notre territoire qui est aujourd'hui aux mains de Boko Haram».

De nombreux observateurs doutent de la crédibilité du scrutin s'il ne peut pas se tenir dans toute la partie du nord-est aux mains des islamistes, la commission électorale a promis cette semaine que la présidentielle était maintenue au 14 février. – AfricaLog avec agence