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Guinée: démission de Justin Morel Junior et de Abdoulaye Condé

Oct 15, 2009

Après le ministre de l'Agriculture, Abdourahamane Sano, le ministre ministre de la Réforme Administrative et de la Fonction Publique, Dr. Alpha Diallo, le ministre de l’information et porte parole du gouvernement Justin Morel Junior,c’est au tour de Abdoulaye Condé de jeter l’éponge. A l’approche de l’ultimatum de la communauté internationale, certains cadres guinéens prennent des distances avec le régime sanguinaire de Moussa Dadis Camara.

Dans sa lettre de démission le Dr. Diallo déclare « Après les événements du 28 septembre 2009, mes convictions religieuses et morales ne me permettent plus d’exercer mes fonctions actuelles telles que je le souhaiterais. Cette situation vient se greffer au dysfonctionnement chronique déjà constaté au niveau du département dont vous aviez bien voulu me confier la charge. »

Dans sa lettre de démission le ministre Morel déclare « Je viens par la présente vous remettre officiellement ma démission du Gouvernement de Transition, en ce jour du neuvième mois de ma nomination au poste de Ministre de l'Information et de la Culture. J'accomplis cet acte, le coeur meurtri par les douloureux événements du 28 Septembre dernier, au stade du même nom. Je n'étais pas en Guinée quand les massacres ont eu lieu. J'étais en Allemagne, invité avec d'autres compatriotes par le Bundestag pour y 'observer le processus d'élections démocratiques'. Ce jour-là, Monsieur le Président, j'ai porté le deuil. J'ai pleuré les victimes innocentes et annulé tous les rendez-vous importants que j'avais avec de grandes personnalités allemandes. J'ai analysé, mesuré toute la gravité de la situation guinéenne et la dangerosité de la dérive. ….. Mais, Monsieur le Président, il y a désormais un avant et un après 28 septembre 2009. Depuis cette date, ma conscience s'est révoltée et mon coeur a lâché. Ma raison me dit que je n'ai plus de raison d'être aux commandes du Ministère dont j'avais jusque là la charge. Je n'ai pas la force morale de porter la parole du Gouvernement, au lendemain de ces horribles massacres. »

Dans sa lettre de démission le conseiller Condé déclare « Tout en vous remerciant, Monsieur le Président, de la confiance placée en ma modeste personne en me choisissant parmi tant de compétences, je suis au regret de constater, dix mois après, que les conditions n’ont pas été créées ni les moyens réunis pour me permettre d’exercer et d’agir efficacement dans le sens des espérances que suscitaient ma nomination. Les nombreuses Notes techniques proposant un programme et les règles d’une politique de communication maitrisée et productive n’ont jamais été suivies. Des personnes sans statut, et pour des intérêts mesquins et égoïstes, s’improvisant communicants alors qu’elles n’avaient ni la formation, ni la qualité encore moins le talent pour prétendre jouer ce rôle, ont œuvré à cultiver une image peu reluisante du chef de l’Etat guinéen. Par rapport à la position officielle qui est la mienne, j’avoue vivre comme un drame personnel les effets désastreux de ce mercantilisme impitoyable et dégradant. »

« Après avoir vainement gardé l’espoir d’une éventuelle normalisation et amélioration de l’environnement de travail, seules voies capables de rectifier le tir et corriger l’image de la haute institution présidentielle que vous incarnez, je suis arrivé aujourd’hui à la regrettable conclusion qu’il n’y a aucune autre alternative pour moi que celle de rendre le tablier….. »

« En ma qualité de journaliste, je me trouverais en porte-à-faux avec la déontologie et l’éthique de la profession ; en tant que cadre, ce serait trahir ma conscience et tromper l’opinion, que de vouloir entretenir cette apparence en continuant de donner l’impression d’une collaboration dont la réalité ne s’est jamais vérifiée dans les faits. »

L'Union européenne, a réclamé des poursuites contre la junte et son chef le capitaine Moussa Dadis Camara, les Etats-Unis ont demandé à la junte de quitter le pouvoir et le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé procéder à un "examen préliminaire" de la situation en Guinée. - AfricaLog