Le géant minier brésilien Vale a annoncé vendredi avoir acquis le droit d'exploiter des réserves de minerai de fer en Guinée, en achetant 51% du capital d'une filiale de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) qui avait auparavant conclu un accord avec le gouvernement guinéen.
L'AFP n'a pu obtenir vendredi de commentaire de la part du ministère guinéen des Mines.
Dans un communiqué publié à Rio de Janeiro et diffusé sur son site internet, la multinationale Vale annonce avoir acquis "des actifs de minerai de fer à Simandou" (est), en rachetant "51% du capital de BSGR Guinée", pour un montant total de "2,5 milliards de dollars, dont 500 millions payables immédiatement".
"Les blocks 1 et 2 de Simandou et Zogota (Simandou Sud) sont l'une des meilleures réserves de minerai de fer de haute qualité non exploités", souligne Vale (ex-CVRD, Vale do Rio Doce), dans ce texte obtenu par l'AFP à Dakar.
Le numéro mondial de la production de minerai de fer espère que cette initiative "renforcera sa position dominante".
Formellement, Vale et BSGR ont créé un "joint-venture" (coentreprise).
Dans un communiqué distinct, BSGR a confirmé que Vale disposerait "des droits exclusifs d'enlèvement et de commercialisation pour l'ensemble de la production de minerai de fer" concernée.
Fin 2008, peu avant le décès du président Lansana Conté, le gouvernement guinéen avait désigné la compagnie BSGR, de l'homme d'affaires israélien Beny Steinmetz, comme concessionnaire de la moitié du gisement de fer du Mont Simandou (est), l'un des plus gros au monde.
Le droit d'exploiter cette partie avait été retirée par le gouvernement à la compagnie minière anglo-australienne Rio Tinto. Rio Tinto, qui détient encore des permis de recherches pour l'autre partie du gisement du Mont Simandou, s'est récemment associé avec le groupe chinois Chinalco pour ce projet d'exploitation.
De son côté, BSGR annonce qu'"un décret présidentiel" ratifiant son accord avec le gouvernement guinéen pour l'exploitation des gisements a été "signé et publié le 19 mars 2010".
BSGR explique avoir reçu, alors, "l'autorisation exclusive d'exporter le minerai de fer via le Liberia en contrepartie de la reconstruction du chemin de fer Transguinéen".
Elle assure que ce projet sera désormais porté par Vale-BSGR qui s'est engagé à reconstruire "le réseau ferroviaire Transguinéen destiné au transport de passagers et de fret léger, d'abord de Conakry à Kankan, soit 600 km, puis jusqu'à Kérouané".
BSGR fait valoir, globalement, qu'un "programme d'investissement de plusieurs milliards de dollars". Et elle affirme que le projet devrait "créer au moins 5.000 emplois directs et de nombreux emplois indirects".
A Conakry, le journaliste guinéen Aboubacar Akoumba Diallo (L'Aurore), spécialisé dans le domaine des mines, s'est toutefois déclaré pessimiste: "Je redoute qu'une fois encore, une multinationale soit venue acquérir les réserves de fer du pays pour faire avant tout de la spéculation boursière".
Interrogé par l'AFP, Le journaliste a dit "douter que ces partenaires aient vraiment l'intention de réaliser les infrastructures promises, en particulier le projet de chemin de fer".
Vale se présente comme "la deuxième plus importante entreprise minière diversifiée au monde en termes de capitalisation boursière (environ 160 milliards de dollars)" et "le plus important producteur mondial de minerai de fer".
BSGR, holding dont le siège social est situé à Guernesey (île anglo-normande considérée comme paradis fiscal), dit opérer "dans le secteur des matières premières, de l'immobilier, des marchés financiers et de l'industrie diamantaire". - AFP