Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (CPS de l'UA) a appelé jeudi la junte militaire au pouvoir en Guinée à "respecter" la "procédure judiciaire" dans leur lutte contre la corruption, a indiqué à l'AFP le président de cette instance.
La junte qui a pris le pouvoir le 23 décembre mène depuis des semaines ce qu'elle appelle une "lutte contre les détournements de deniers publics" et le narcotrafic, en multipliant les arrestations en dehors de tout contrôle judiciaire et les interrogatoires télévisés. "Le Conseil a déploré la situation et recommandé aux autorités issues du coup d'Etat de respecter strictement la procédure judiciaire", a déclaré à l'issue d'une réunion du CPS l'ambassadeur du Bénin Edouard Aho-Glélé. "Ce n'est pas normal. Même en nous félicitant de la lutte acharnée menée par les autorités contre la corruption, la gabegie, le trafic de drogue, il y a lieu de mener cette lutte là dans un cadre strictement judiciaire en respectant les droits de l'Homme et la dignité humaine. C'est ce que le Conseil recommande", a-t-il martelé. L'armée a pris le pouvoir en Guinée au lendemain du décès du général Lansana Conté qui dirigeait le pays depuis 24 ans. Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte, a organisé ces interrogatoires télévisés et en direct de personnalités accusées de corruption. Le 7 mars, quatre anciens ministres successifs des Mines avaient été sommés de s'expliquer à la télévision publique sur leur gestion d'un fonds alimenté par des commissions prises sur les contrats miniers. Les ministres ont publiquement reconnu avoir puisé dans le fonds minier pour effectuer des dépenses internes au ministère (achat d'équipements divers), affirmant que le président Conté leur demandait régulièrement d'agir ainsi. Le secteur minier (bauxite, or, fer...) est la principale richesse de ce pays d'Afrique de l'Ouest, dont la population est une des plus pauvres du monde en raison d'une mauvaise gestion et d'une corruption généralisée. Par ailleurs, le CPS a "entériné les conclusions" de la réunion du Groupe international de contact sur la Guinée "qui consistent essentiellement à encourager les autorités guinéennes à restaurer l'ordre constitutionnel dans un bref délai", a indiqué M. Aho-Glélé. Aucune sanction, à part la suspension des instances de l'UA déjà effective, n'est pour le moment envisagée contre la junte. "Le Conseil a noté que le régime en place est en train d'oeuvrer à retourner à l'ordre constitutionnel et, selon nos dernières informations, avant la fin de l'année 2009", a expliqué le diplomate béninois. - AFP