Les sondages lui prédisent une cinglante défaite et il est défié de toutes parts dans son camp : la voie vers une candidature à un second mandat en 2017 paraît de plus en plus escarpée pour le président français François Hollande.
«La fenêtre est étroite (...) Il atteint des niveaux d'impopularité inédits pour un président en exercice», résume Emmanuel Rivière, de l'institut TNS Sofres, dont une enquête parue mercredi donne des résultats implacables pour le chef de l'État socialiste sortant.
Avec seulement 11 à 15 % des intentions de vote, François Hollande serait éliminé dès le premier tour dans tous les cas s'il se représentait l'an prochain.
Le même sondage confirme la perspective d'un duel final pour l'Élysée entre le vainqueur fin novembre de la primaire à droite, dont l'ancien premier ministre Alain Juppé et l'ex-président Nicolas Sarkozy sont les favoris, et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.
Une autre étude, de l'institut Elabe, elle aussi rendue publique mercredi, évalue à 88 % la proportion de Français opposés à une nouvelle candidature de François Hollande.
«C'est cuit, ça fait longtemps que c'est cuit. Sauf événement hautement improbable, c'est complètement cuit», renchérit le politologue Thomas Guénolé, commentant ses chances d'à nouveau se présenter sans risquer l'humiliation.
Trois ex-ministres critiques de François Hollande, les socialistes Arnaud Montebourg et Benoît Hamon et l'écologiste Cécile Duflot, se sont déjà lancés cet été dans la course à l'Élysée. Un quatrième, Emmanuel Macron, l'a lâché fin août et lorgne aussi la présidentielle.
À sept mois et demi du scrutin, le chef de l'État, fréquemment taxé d'indécision, entretient le flou sur ses intentions, même si des fidèles l'appellent à donner «un signal de candidature» jeudi dans un discours sur la «démocratie face au terrorisme».
«J'ai annoncé que ce serait pour le mois de décembre et rien ne va changer», a dit François Hollande à des visiteurs la semaine passée. À des journalistes auteurs d'un livre publié en août, il a confié qu'il pourrait renoncer s'il ne voit pas de «possibilité de victoire».
«Les conditions ne sont pas réunies pour que soit reçue une annonce de candidature, je pense qu'il faut des résultats», estime Emmanuel Rivière, mettant en exergue un obstacle majeur sur la route du président sortant : son échec à tenir sa promesse d'une réduction durable du chômage.
«Avec une gauche qui tire à hue et à dia, face à une droite conquérante et une extrême droite menaçante, il peut se convaincre qu'il reste le rempart le plus solide», estime le quotidien Le Monde. «Au risque d'oublier l'extrême faiblesse de sa situation, qui pourrait bien transformer un échec en déroute», avertit cependant le journal de centre gauche dans un éditorial au titre évocateur: «Hollande: stop ou encore ?».
L'apparente percée dans l'opinion d'Emmanuel Macron, crédité par TNS Sofres de 15 à 20 % des intentions de vote s'il se présentait en 2017, est un signe inquiétant de plus pour le chef de l'État. «Macron renverse Hollande», titrait mercredi le quotidien conservateur Le Figaro, qui a publié l'enquête.
«On a vraiment l'impression que des gens font un rejet de François Hollande quand on voit quelqu'un issu de sa majorité, de son gouvernement, capable de capter son électorat», décrypte Emmanuel Rivière.
La capacité de l'ambitieux ex-ministre de l'Économie à faire figure de recours divise les experts. Âgé de 38 ans, il n'a pas de grand parti à sa botte et son profil plus libéral que social ne fait pas de lui le préféré des sympathisants de gauche.
«Qu'Emmanuel Macron puisse être le candidat d'une gauche unie est une vue de l'esprit», juge Thomas Guénolé, qualifiant sa cote de «bulle spéculative qui se dégonflera dans la dernière ligne droite».
Son image de novice sur l'échiquier lui ouvre néanmoins «peut-être un espace», estime Emmanuel Rivière, relevant «un degré profond d'exaspération des Français par rapport au paysage politique» qui peut l'inciter à tenter sa chance. – AfricaLog avec agence