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L’expulsion des Guinéens de Belgique suspendue

Mar 17, 2014
L’expulsion des Guinéens de Belgique suspendue

Les parents de Guinée s’apprêtaient à accueillir, comme décidé par les autorités belges, une trentaine des leurs en situation irrégulière en Belgique hier, lundi 17 mars 2014.
On sait que le mois dernier, la Secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à l’Immigration avait conduit une délégation à Conakry. Au cours de cette mission, Maggie De Block a averti les autorités guinéennes de la délicate situation dans laquelle se trouvaient les sans-papier guinéens dans son pays et des mesures envisagées visant «leur rapatriement prochain».

L’émissaire du gouvernement belge a même fait un classement peu honorable pour la Guinée qui venait en deuxième position après un pays en guerre comme l’Afghanistan.

Moins de deux mois après cette mission, les autorités belges décident de rapatrier, contre son gré, une trentaine de Guinéens. Toutefois, la décision de Bruxelles ne trouve pas écho favorable auprès de Conakry qui oppose un "non" catégorique. Surtout que les conditions de détention avancées par certains de ces compatriotes frisent la honte. Et la position du gouvernement est exprimé par Sanoussi Bantama Sow, Ministre Délégué aux Guinéens de l’Etranger: «Le gouvernement guinéen n'acceptera aucune expulsion collective de ses concitoyens résidant à l'étranger».
D’ailleurs, l’ambassade de Guinée à Bruxelles n’était même pas au courant de l’interpellation de ceux-ci. Un des infortunés a confié leur situation de détention à un confrère: «Nous sommes une trentaine de guinéens entassée dans différents centres de détention. En attendant notre expulsion vers la Guinée, nous sommes internés». Après son interpellation, «ils m’ont conduit dan un centre de détention à Liège après avoir broyé mes pieds».

On sait que le rapatriement de ce lundi, 17 mars 2014 était si imminent qu’un communiqué de presse daté du jeudi 13 mars annonçait: «Ce lundi 17 mars, un vol militaire est prévu pour expulser une vingtaine de Guinéens actuellement détenus dans les centres fermés de Vottem, Merksplas et Brugge».

«Nous cherchons vos laissez-passer mais votre expulsion c’est lundi», ont annoncé les assistantes sociales aux personnes concernées.

Contactée, l’Ambassade de Guinée a confirmé n’avoir délivré aucun laissez-passer. Une délégation des Pays-Bas serait venue récemment à Bruxelles pour solliciter ces documents indispensables à tout rapatriement. L’Ambassade aurait alors contacté le Ministre guinéen des Affaires étrangères, Lousény Fall, qui dans un fax a immédiatement confirmé à Bruxelles, «l’opposition de la Guinée aux délivrances de laissez-passer pour ses ressortissants».

Finalement, des confrères belges qui dépeignaient nos compatriotes sous des traits peu enviables, écrivaient dans leur parution de ce lundi, que «La Guinée refuse le retour sur son territoire de 27 demandeurs d’asile déboutés en Belgique, dont certains sont des criminels».

Ils rapportent aussi, que «Conakry a ainsi informé le cabinet de la Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Maggie De Block (Open Vld) que l’avion militaire, dont le voyage était prévu lundi, les transportant ne recevrait pas l’autorisation d’atterrir, sans pour autant justifier la raison de ce refus».

Ils rappellent: «Maggie De Block s’était pourtant rendue en février dernier en Guinée. Elle y avait reçu l’assurance personnelle du président Alpha Condé que de tels rapatriements ne poseraient pas le moindre problème».

Ça, c’est une mauvaise interprétation de la parole du Président Alpha Condé en ce sens que lors de la visite récente de Maggie De Block à Conakry pour solliciter l’aide du gouvernement guinéen pour le rapatriement de ses compatriotes en situation irrégulière en Belgique, le Président Alpha Condé a dit qu’il était «catégoriquement opposé aux rapatriements de Guinéens vivant en Belgique sauf s’ils sont dealers ou criminels».

On comprend pourquoi, les média belges ont écrit que parmi les «27 demandeurs d’asile déboutés en Belgique», «certains sont des criminels».

Vu le refus de Conakry donc, ces confrères rapportent que «La Secrétaire d’État a bien tenté d’inverser la tendance en appelant ses contacts guinéens, en vain. Les demandeurs d’asile vont donc devoir rester encore pendant quelques temps au centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel», soulignent-ils.

Ces journaux vont conclure en faisant savoir la réaction du cabinet de la Secrétaire d’Etat: «C’est très ennuyeux. Nous avons mis beaucoup d’énergie dans ce rapatriement. On se moque de nous ! Et cela ne nous fait pas rire du tout!».

Dr Ousmane Sylla, ambassadeur de Guinée à Bruxelles est prochainement attendu à Conakry pour consultation. S’achemine-t-on vers une crise, pardon vers un incident diplomatique entre les deux pays? Rien ne le présage en l’état actuel des événements.

La prochaine visite d’Alpha Condé, en avril prochain sera-t-elle maintenue ? Si oui, va-t-elle se dérouler dans les convenances diplomatiques? Wait and see.

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