L'Ivoirien Charles Blé Goudé sera jugé pour crimes contre l'humanité, a annoncé jeudi la Cour pénale internationale (CPI). Elle a confirmé les charges contre ce proche de l'ancien président Laurent Gbagbo.
"La Chambre préliminaire I de la CPI a confirmé quatre charges de crimes contre l'humanité à l'encontre de Charles Blé Goudé. Elle l'a renvoyé en procès devant une chambre de première instance", a indiqué la Cour dans un communiqué. La date du procès n'a pas encore été déterminée et la défense pourrait encore interjeter appel.
L'ex-chef des "jeunes patriotes", mouvement pro-Gbagbo extrêmement virulent, est poursuivi pour son rôle présumé dans les violences ayant suivi l'élection présidentielle de 2010, qui a opposé Laurent Gbagbo au président actuel Alassane Ouattara. Ces violences ont fait 3000 morts, selon les chiffres de l'ONU.
Surnommé "le général de la rue" pour sa capacité à mobiliser les foules, Charles Blé Goudé doit répondre de quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtre, viol, actes inhumains et persécution. Il est accusé d'avoir participé à un plan fomenté par Laurent Gbagbo et son entourage pour conserver le pouvoir "à tout prix".
Selon le bureau du procureur, des miliciens sous les ordres de M. Blé Goudé avaient tué, violé, brûlé vif et persécuté des centaines de personnes. M. Blé Goudé les avait convaincus que la violence contre les pro-Ouattara était "légitime" et "une question de survie", selon l'accusation.
M. Blé Goudé est poursuivi pour des faits liés à cinq événements "représentatifs" de ses crimes présumés, dont la répression sanglante de manifestations pro-Ouattara ou le bombardement à l'arme lourde du quartier densément peuplé de Yopougon, à Abidjan.
L'accusation le tient pour responsable d'au moins 184 meurtres, 38 viols, 126 actes inhumains et 348 persécutions.
Laurent Gbagbo, lui aussi poursuivi devant la CPI, affirme avoir été évincé en faveur de son rival Alassane Ouattara, et a dénoncé un complot qui aurait été mis sur pied par la France, ancienne puissance coloniale. Il est en détention à La Haye et sera jugé par la CPI en 2015.
Son épouse Simone, réclamée par la CPI, est détenue en Côte d'Ivoire. Aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la Cour.
La première chambre préliminaire du tribunal de La Haye a rejeté l'exception d'irrecevabilité qu'opposait le gouvernement ivoirien à la CPI depuis plus d'un an, arguant enquêter lui-même sur des charges similaires de génocide.
Un mandat d'arrêt de la CPI a été émis en 2012 à l'encontre de Simone Gbagbo pour meurtres, viols et "autres actes inhumains et actes de persécution" pendant le conflit inter ivoirien, entre décembre 2010 et la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011.
Si la Côte d'Ivoire continue de refuser de transférer Simone Gbagbo, la CPI pourrait en référer aux 122 Etats signataires des statuts du tribunal, qui pourraient alors décider d'imposer des sanctions. – AfricaLog avec agence