Le gouvernement gambien a annoncé mardi son retrait de la Cour pénale internationale (CPI). Il accuse la juridiction de passer sous silence les "crimes de guerre" des pays occidentaux pour ne poursuivre que les pays africains.
La décision du petit pays d'Afrique de l'Ouest, dont le président Yahya Jammeh avait sollicité la Cour pour enquêter sur la mort de migrants africains en Méditerranée, fait suite à l'annonce vendredi de l'Afrique du Sud, qui a décidé de se retirer du tribunal de La Haye.
"Cette action est justifiée par le fait que la CPI, malgré son nom de Cour pénale internationale, est en fait un tribunal international caucasien pour la persécution et l'humiliation des personnes de couleur, en particulier les Africains", a déclaré à la télévision nationale le ministre de l'Information, Sheriff Bojang.
L'annonce de la Gambie augmente la pression qui pèse sur la CPI, accusée de poursuivre un programme néo-colonialiste en Afrique. Neuf de ses dix enquêtes actuelles concernent le continent africain.
Selon la déclaration des autorités de Gambie, dont la population représente une proportion importante des migrants africains qui tentent de rejoindre l'Europe, le gouvernement a tenté de traduire l'Union européenne devant le tribunal de La Haye pour la mort de milliers de migrants en Méditerranée, mais n'a pas obtenu de réponse.
Après les décisions similaires du Burundi et de l'Afrique du Sud, la Gambie est donc le troisième pays à annoncer son retrait de la CPI. Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a signé le 18 octobre un décret faisant suite à un vote du Parlement, qui s'était déjà prononcé pour un retrait de la juridiction internationale.
Le Burundi a formellement informé le secrétaire général des Nations unies de sa décision, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères. "Un document officiel annonçant la décision du Burundi de quitter la Cour pénale internationale a été adressé à Ban Ki-moon", a dit un représentant du ministère.
S'il semble que le vote du parlement burundais "a ouvert la vanne", selon M. Whiting, et que plusieurs autres Etats ont déjà suggéré leur retrait, comme le Kenya, l'Ouganda ou la Namibie, cela ne signifie pas que de nombreux autres pays claqueront la porte de l'institution à leur tour.
Créée par le traité de Rome en 1998 et active depuis 2002 et composée de 124 Etats membres, la CPI, qui siège à La Haye, est la première juridiction jouissant d'une compétence internationale permanente pour juger les cas de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
Pour se retirer du traité de Rome, un pays doit en informer le secrétaire général de l'Onu. Son retrait prend officiellement effet un an plus tard. – AfricaLog avec agence