Barack Obama a souligné samedi à Selma (Alabama), haut lieu de la lutte pour les droits civiques, que la marche contre le racisme aux États-Unis n'était «pas terminée», évoquant à plusieurs reprises les récents incidents à Ferguson, dans le Missouri.
Dans un discours prononcé sous un soleil éclatant devant le pont Edmund Pettus sur lequel, il y a 50 ans, quelque 600 manifestants pacifiques furent violemment repoussés par la police, le premier président noir de l'histoire des États-Unis a appelé à refuser le raisonnement consistant «à suggérer que le racisme a disparu».
«Des rues de Tunis à la place Maïdan en Ukraine, une génération de jeunes gens peuvent tirer leur force de ce lieu», a déclaré M. Obama dans un discours prononcé devant le pont Edmund Pettus sur lequel, le 7 mars 1965, quelque 600 manifestants pacifiques furent violemment repoussés par la police dans un assaut sanglant qui traumatisa l'Amérique.
«Nous n'avons pas besoin du rapport de Ferguson pour savoir que cela n'est pas vrai», a-t-il ajouté, en allusion au document accablant publié cette semaine par le ministère de la Justice qui pointe les comportements discriminatoires de la police dans cette petite ville théâtre de violentes émeutes après la mort d'un jeune Noir.
«Il nous suffit d'ouvrir nos yeux, nos oreilles et nos coeurs pour savoir que l'ombre de l'histoire raciale de ce pays plane toujours sur nous», a-t-il poursuivi dans cette petite ville de l'Alabama où s'étaient rassemblées plusieurs dizaines de milliers de personnes, 50 ans après un «Bloody Sunday» qui traumatisa l'Amérique.
«Nous savons que cette marche n'est pas encore terminée», a-t-il lancé, en présence de sa femme, Michelle, de son prédécesseur, George W. Bush, et de l'épouse de ce dernier, Laura.
M. Obama a par ailleurs dénoncé avec véhémence la mise en place dans certains États américains de lois visant à rendre le vote plus difficile pour les minorités, 50 ans après l'avancée que représenta la loi en faveur de ce droit de vote.
«Aujourd'hui même, en 2015, 50 ans après Selma, il y a des lois à travers ce pays conçues pour rendre le vote plus difficile», a-t-il lancé, visant, sans les nommer, ses adversaires républicains accusés par les démocrates de brandir la menace de la fraude électorale pour introduire des contraintes supplémentaires.
«Au moment où nous parlons, d'autres lois de ce type sont proposées. Comment cela est-il possible ?», s'est-il interrogé.
M. Obama a par ailleurs souligné que la marche de Selma, marquée par sa non violence, avait été et restait une source d'inspiration pour des «millions de personnes» à travers le monde.
«Des rues de Tunis à la place Maïdan en Ukraine, une génération de jeunes gens peuvent tirer leur force de ce lieu», a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris.
Deux semaines après la marche du 7 mars 1965, plusieurs milliers de personnes emmenées par le pasteur Martin Luther King quittaient de nouveau Selma pour rejoindre la capitale de l'Alabama, Montgomery, à près de 90 km de là , où elles arrivèrent en un large cortège après plusieurs journées d'une marche entrée dans l'histoire.
Le 6 août 1965, le président démocrate Lyndon Johnson signait le Voting Rights Act, garantissant à tous le droit de vote. - AfricaLog avec agence