En menaçant la Corée du Nord de la «détruire totalement», Donald Trump se montre «contre-productif» et apporte de l'eau au moulin de Pyongyang qui justifie ses ambitions nucléaires par la nécessité de se défendre, soulignent des analystes.
Le président américain s'est servi de son premier discours devant l'Assemblée générale de l'ONU mardi pour lancer un avertissement belliqueux à Pyongyang, qui vient de mener son sixième essai nucléaire et de tirer un missile sur une distance inédite, au-dessus du Japon.
M. Trump a accusé le numéro un nord-coréen Kim Jong-Un d'être un «homme-fusée» embarqué dans «une mission-suicide, pour lui-même et pour son régime».
Si les États-Unis sont contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, ils «n'auront d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord», a-t-il martelé.
Aux yeux des analystes, ce genre de rhétorique ne devrait pas dissuader Pyongyang de mener à bien ses ambitions nucléaires, bien au contraire.
Il est «totalement improductif» d'en rajouter dans la rhétorique guerrière, juge Marcus Noland de l'Institut Peterson de l'économie internationale.
«Avec ces propos, le président Trump a offert sur un plateau le clip du siècle au régime de Kim. Il va tourner en boucle à la télévision nationale nord-coréenne» comme la preuve que Pyongyang a besoin d'une force de dissuasion digne de ce nom contre ce qu'il perçoit comme l'agression américaine, poursuit-il dans une note.
Pour Joel Wit, chercheur à l'Institut américano-coréen de l'Université Johns Hopkins, il n'est pas sûr que Washington soit prêt à payer le prix humain d'un conflit, malgré les rodomontades. «Trump est un électron libre et c'est dur de déterminer quand il est sérieux et quand il ne l'est pas», ajoute-t-il cependant.
Les États-Unis déploient 28 500 soldats en Corée du Sud pour la protéger du Nord alors que la guerre de Corée (1950-53) s'est terminée par un cessez-le-feu et non un traité de paix.
Sans parler de la menace nucléaire, le Nord a massé de vastes forces d'artillerie à la frontière sous tension entre les deux Corées. Séoul et ses millions d'habitants sont à la merci d'une attaque conventionnelle, voire chimique.
Le Japon et ses grands centres urbains sont aussi à portée des missiles nord-coréens.
Une attaque américaine supposerait des risques de représailles aux conséquences catastrophiques.
«Il n'y a pas de solution militaire, laissons tomber», avait reconnu l'ancien conseiller stratégique de M. Trump, Steve Bannon.
M. Wit renchérit et explique que Pyongyang considère probablement que les menaces américaines sont des menaces en l’air.
«Je soupçonne qu'ils pensent que cela va prouver que (M. Trump) est un tigre de papier», déclare-t-il.
Mais pour Jeung Young-Tae, directeur des études militaires à l'Université sud-coréenne de Dongyang, il n'est pas possible de balayer complètement les déclarations de M. Trump comme autant de «bluff» en raison de la menace croissante représentée par la Corée du Nord.
Pyongyang a tiré en juillet deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), mettant apparemment à sa portée une bonne partie du continent américain.
En septembre, le Nord a affirmé avoir testé une bombe à hydrogène suffisamment petite pour être montée sur un tel missile.
«Le problème est le suivant: où est la ligne rouge susceptible de déclencher l'option militaire?», demande M. Jeung. Car si l'hypothèse du conflit demeure peu réaliste, les provocations persistantes de la Corée du Nord signifient qu'il est plus difficile pour Washington d'accepter un dialogue.
«Ses ICBM et ses programmes d'armements nucléaires sont devenus tout simplement trop importants et trop menaçants pour être considérés comme de simples éléments de marchandage dans une négociation. À présent, la menace est bien réelle pour de nombreux Américains».
M. Trump a également menacé mardi de remettre en cause l'accord nucléaire avec l'Iran, ce qui pourrait aussi achever de convaincre Pyongyang qu'on ne peut faire confiance aux États-Unis comme partenaires dans une négociation, souligne pour sa part Mira Rapp-Hooper, acheter du cialis en ligne chercheuse au Paul Tsai China Center de la Yale Law School.
Elle explique sur Twitter ne pas savoir si la rhétorique «apocalyptique» du chef de la Maison-Blanche signifie qu'il croit vraiment à l'efficacité d'une action militaire ou s'il s'agit d'une stratégie pour persuader la Chine d'agir contre Pyongyang. Pékin est le principal allié et partenaire économique de Pyongyang.
«Mais au bout du compte, il s'agit d'un choix contre nature entre une menace réelle de guerre délibérée et un pari irresponsable qui risque de provoquer d'horribles erreurs de calcul». - AfricaLog avec agence