Les autorités du Zimbabwe ont requis l'immunité pour la première dame du pays Grace Mugabe, mise en cause par d'embarrassantes accusations d'agression contre un mannequin en Afrique du Sud qui menacent de virer au casse-tête diplomatique.
Après de longues heures d'incertitudes, le ministère sud-africain de la Police a annoncé mercredi que Mme Mugabe avait invoqué l'immunité et qu'elle se trouvait toujours sur son territoire, démentant qu'elle avait regagné Harare.
«Les avocats de la suspecte et les représentants de son gouvernement ont sollicité verbalement les enquêteurs (de la police) pour leur signaler que la suspecte souhaitait invoquer l'immunité diplomatique», a indiqué le ministère.
Grace Mugabe est accusée d'avoir, dimanche dernier, frappé et blessé au visage Gabriella Engels, une mannequin de 20 ans qui se trouvait dans le même hôtel qu'elle avec des amis, dans un quartier huppé de Johannesburg.
La jeune femme a déposé plainte pour coups et blessures, assurant avoir été entaillée au front.
Selon les détails livrés mercredi par le ministère de la Police, Mme Mugabe avait initialement convenu avec les autorités sud-africaines de se présenter d'elle-même mardi dans un commissariat de Johannesburg.
Cet «arrangement» devait lui permettre de présenter sa «version des faits» avant que le parquet ne se prononce sur l'ouverture éventuelle d'une enquête, a ajouté le ministère.
Mais la «suspecte» a renoncé à se présenter, arguant d'une protection diplomatique en tant qu'épouse du président.
Plusieurs médias ont rapporté dès mardi soir sur la foi de sources anonymes que la première dame avait discrètement regagné la capitale de son pays Harare.
Le ministère sud-africain de la Police les a démenties en assurant qu'elle se trouvait toujours en Afrique du Sud, sans toutefois dévoiler le lieu de sa villégiature.
Elle «n'a pas quitté la République (sud-africaine)» et a informé les autorités de sa présence au sommet de la Communauté de développement des pays d'Afrique australe auquel son époux doit participer ce week-end à Pretoria, selon le ministère.
Grace Mugabe se trouvait en Afrique du Sud pour se faire soigner une blessure au pied, selon les médias de son pays.
Comme son mari, elle se rend parfois à l'étranger pour des raisons médicales, les services de santé de son pays étant en pleine déliquescence.
Sollicité, un porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Clayson Monyela, avait indiqué que son déplacement était «une visite privée dans laquelle le gouvernement ne pouvait être impliqué».
Cette affaire menace de perturber les relations traditionnellement bonnes entre l'Afrique du Sud et son voisin.
«Les citoyens étrangers doivent comprendre qu'ils ont des responsabilités, surtout ceux qui ont des passeports diplomatiques. Je ne peux pas me rendre au Zimbabwe, tabasser quelqu'un et attendre que l'affaire disparaisse», a déclaré mardi le ministre sud-africain de la Police Fikile Mbalula.
Des négociations étaient toujours en cours mercredi entre les deux pays, selon le ministère sud-africain de la Police, pour trouver une issue à cette embarrassante affaire.
Le gouvernement zimbabwéen n'a pas immédiatement réagi mardi au dépôt de plainte contre Grace Mugabe.
Cette affaire entache un peu plus l'image déjà très controversée de la première dame.
Mariée au président zimbabwéen depuis 1996, elle est régulièrement épinglée pour son goût pour les vêtements de luxe, les voyages et son implication supposée dans des scandales de corruption dans un pays plombé par une grave crise économique.
De plus en plus impliquée dans les affaires politiques du pays, Grace Mugabe est présidente de la ligue des femmes de la ZANU-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe.
Elle est régulièrement présentée comme une des favorites pour succéder à son mari à la tête du Zimbabwe.
Pour l'heure, Robert Mugabe, qui est à 93 ans le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, n'a pas l'intention de céder sa place: il est d'ores et déjà candidat à sa propre succession pour les élections de 2018. - AfricaLog avec agence