Les dirigeants d'Afrique australe ont qualifié lundi d'"inacceptable" le changement de régime à Madagascar, à l'ouverture d'un sommet au Swaziland au cours duquel ils devaient réfléchir à d'éventuelles sanctions contre les autorités de transition malgaches.
"Cette prise de pouvoir inconstitutionnelle par un régime de facto à Madagascar viole les principes de base, les protocoles et les traités (du bloc régional) et est inacceptable", selon un communiqué lu par le roi swazi Mswati III. Le monarque préside actuellement l'organe de sécurité de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Dans le même temps, à Antananarivo, quelque 15.000 partisans du président déchu de Madagascar, Marc Ravalomanana, se sont à nouveau rassemblés pour réclamer son retour et contester la prise de pouvoir de son opposant Andry Rajoelina, qui a pris la tête d'une Haute autorité de transition. Le 19 mars, la SADC avait déjà refusé de reconnaître les nouvelles autorités de transition malgaches et menacé de les sanctionner. Elle avait alors dépêché son secrétaire exécutif Tomaz Salomao sur cette île de l'Océan Indien, pour qu'il élabore des stratégies de réponse à la crise. De son côté, l'Union africaine (UA) a déjà suspendu Madagascar après le renversement du président Ravalomanana, à la mi-mars, lâché par l'armée. Les Occidentaux ont également condamné ce qu'ils considèrent comme un "coup d'Etat". Dimanche soir, le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet a affirmé que la France considérait M. Ravalomanana comme le "président en titre" La crise politique à Madagascar, qui est l'un des 15 Etats membres de la SADC, a fait plus d'une centaine de morts depuis fin janvier, et paralyse le pays notamment au niveau économique. Lundi, personne ne représentait officiellement Madagascar à l'ouverture du sommet régional de MBabane. Mais Marc Ravalomanana est arrivé en fin de matinée pour une présentation devant ses ex-pairs. Les présidents sud-africain Kgalema Motlanthe (actuellement à la tête de la SADC), zimbabwéen Robert Mugabe, mozambicain Armando Guebuza et de République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila étaient également présents. Le Zimbabwe, où un gouvernement d'union nationale a été formé à la mi-février entre le président Mugabe et son rival historique Morgan Tsvangirai, figurait aussi au menu de leurs travaux. "Nous restons favorablement impressionnés par les progrès et le fonctionnement du gouvernement d'union", a déclaré à ce sujet le roi Mswati III. "Cependant, le Zimbabwe reste confronté au grand défi de reconstruire son économie", a-t-il ajouté. L'ancien grenier à céréales de la région est ravagé par une hyperinflation inouïe, un chômage de masse, un effondrement de la production et des pénuries chroniques. Fin février, les ministres des Finances de la SADC réunis au Cap s'étaient engagés à aider Harare à rassembler deux milliards de dollars (1,5 milliard d'euros), sans toutefois promettre d'aide directe. Lundi, les chefs d'Etat et de gouvernement devaient se pencher sur le plan de reconstruction élaboré à cette occasion. Le roi du Swaziland a renouvelé l'appel de la SADC à la levée des sanctions occidentales contre Robert Mugabe et son cercle de proches (gel des fonds et interdiction d'entrée sur le territoire) "qui handicapent son économie". L'Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont pour l'instant refusé de lever leurs sanctions et de débloquer une aide significative, exigeant que le président Mugabe, 85 ans et au pouvoir depuis 1980, manifeste d'abord sa bonne volonté. – AFP