Les combats se sont poursuivis dimanche dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où la guerre risque de prendre une dimension régionale, Kinshasa n'excluant pas le déploiement de soldats angolais. L'Afrique australe s'est dite dimanche prête à envoyer "si nécessaire" des troupes de maintien de la paix dans la province congolaise du Nord-Kivu. Rebelles de Laurent Nkunda et groupes armés pro-gouvernementaux se sont affrontés pendant six heures à Ngungu, localité à la frontière entre les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, selon l'ONU. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, ces combats ont impliqué "de façon manifeste" des rebelles hutu rwandais, a affirmé à l'AFP le porte-parole militaire de la Mission des Nations unies dans le pays (Monuc), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.
Aux côtés d'un groupe de miliciens Maï-Maï, ces rebelles du Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR) ont combattu ceux du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Dans les rangs des FDLR, qui opèrent dans l'est de la RDC et sont opposés au régime de Kigali voisin, se trouvent des personnes qui ont participé au génocide tutsi de 1994 au Rwanda. Laurent Nkunda se présente notamment comme un défenseur de la communauté tutsi congolaise, contre le FDLR. Avec les combats de dimanche, les violences se sont déplacées vers le front ouest. Ngungu, qui est située à 60 km à l'ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, "est la porte d'entrée pour le Sud-Kivu", alors que depuis fin août les combats se déroulent dans la seule province du Nord-Kivu, a souligné le porte-parole de la Monuc à Kinshasa. L'appel au cessez-le-feu lancé vendredi soir lors du sommet international de Nairobi est donc totalement ignoré par les belligérants. Le ministre congolais des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, n'a d'ailleurs pas exclu dimanche le déploiement dans son pays de militaires de l'Angola, pays voisin et fidèle allié de Kinshasa. "Pour le moment, il n'y a pas (de troupes angolaises) mais la position angolaise est sans équivoque pour soutenir le Congo", a-t-il affirmé, en marge d'un sommet à Johannesburg de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), à laquelle participe aussi l'Angola. Depuis plusieurs jours, les spéculations vont bon train sur la présence possible de militaires angolais aux côtés de l'armée congolaise dans l'est de la RDC. Dimanche, Luanda a nié avoir envoyé des militaires en RDC, et la Monuc a démenti une nouvelle fois ces accusations, malgré le témoignage dans ce sens d'un officier de la mission onusienne. D'autres sources mettent en garde contre une possible confusion entre troupes angolaises et troupes congolaises lusophones. Si la présence de troupes angolaises était avérée, elle risquerait d'être perçue comme une provocation par le Rwanda voisin. Sur le terrain en tout cas, l'armée congolaise, après avoir essuyé fin octobre une défaite cuisante face au CNDP, semble marquer quelques points ces derniers jours. L'armée et les miliciens Maï-Maï ont ainsi repris samedi la localité de Kinyandoni (92 km au nord de Goma), selon l'ONU. Aucun combat n'était en revanche signalé dimanche, pour la deuxième journée consécutive, sur le front de Kibati, en périphérie nord de Goma. Depuis le Vatican, le pape Benoît XVI a de son côté dénoncé les "affrontements sanglants" des dernières semaines dans le Nord-Kivu. Les violents affrontements de ces deux derniers mois, qui ont fait au moins 100 morts civils selon Human Rights Watch (HRW), ont jeté sur les routes environ 250.000 personnes, qui vivent dans des conditions effroyables. Près de 80 cas de choléra ont été recensés en périphérie nord de Goma, selon Médecins sans frontières (MSF).