Le Burundi s'opposera par la force aux troupes de l'Union africaine (UA) si celle-ci met en oeuvre son projet d'envoyer dans ce pays une mission de maintien de la paix, a prévenu mercredi le président burundais Pierre Nkurunziza.
Tout le monde doit respecter les frontières du Burundi. Si les troupes (de l'UA) viennent (...), elles auront attaqué le Burundi, et chaque Burundais devra se lever pour les combattre. Le pays sera attaqué et nous les combattrons, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse également ouverte au public, à Gitega, dans le centre du pays.
L'UA a annoncé mi-décembre qu'elle allait déployer une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5.000 hommes, pour tenter d'enrayer le cycle des violences.
Le gouvernement burundais en avait déjà rejeté le principe et prévenu que si l'UA devait mener à bien ce déploiement sans son aval, cette mission serait considérée comme une force d'invasion et d'occupation.
Mais les propos de M. Nkurunziza, qui s'exprimait en Kirundi, la langue nationale, sont les plus virulents prononcés jusque-là par le pouvoir burundais à l'encontre de cette initiative.
On ne peut pas envoyer de troupes dans un pays si le Conseil de sécurité des Nations unies ne l'a pas accepté. (Or) la résolution des Nations unies dit que la communauté internationale doit respecter l'indépendance du Burundi, et doit respecter les frontières du Burundi, a notamment justifié le président burundais.
L'Union africaine a soumis sa proposition à l'ONU. La présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a écrit au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour lui demander le soutien entier des Nations unies sur ce sujet.
Le Conseil de sécurité ne s'est pas encore prononcé sur cette initiative, mais a indiqué en avoir pris note avec intérêt.
M. Nkurunziza a également estimé que l'envoi d'une mission de paix pouvait se justifier quand il y a deux forces belligérantes qui s'accordent sur une force d'interposition.
Ce n'est pas le cas ici, car nous faisons face à un problème de sécurité. Ce n'est pas une question politique, car celle-ci a été réglée par les élections de juillet, a-t-il estimé.
Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de M. Nkurunziza - réélu en juillet - à un troisième mandat, que l'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile (1993-2006).
Les violences ont déjà fait plusieurs centaines de morts et poussé plus de 200.000 personnes à quitter le pays, selon l'ONU. - AfricaLog avec agence