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Le chef de la junte guinéenne acclamé par la foule à Conakry

Dec 24, 2008

Des milliers de Guinéens ont applaudi le capitaine Moussa Dadis Camara, désigné chef de la junte qui s'est emparée du pouvoir après la mort du président Lansana Conté, rapportent des témoins.

La foule a escorté le convoi de véhicules militaires conduisant le capitaine Camara à la présidence, dans le centre de Conakry, où il devait prendre ses fonctions de nouveau chef de l'Etat.

Camara, brandissant un drapeau guinéen et entouré de militaires en armes, a salué la foule d'où montaient des cris "Obama junior", en référence au président américain élu Barack Obama.

Camara avait auparavant été désigné pour présider le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, émanation des putschistes) qui compte 32 membres. La désignation de Camara s'est faite par tirage au sort, rapporte le site guinéen www.guineenews.org.

Mardi, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, cet obscur officier avait annoncé à la radio la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement.

La junte a promis d'organiser des élections dans un délai de deux ans. Elle a imposé un couvre-feu du crépuscule à l'aube mais ne semblait pas mercredi rencontrer d'opposition.

Un membre de la junte, le lieutenant-colonel Mathurin Bangoura, a dit à Reuters que le CNDD choisirait un civil comme Premier ministre mais que les décisions devraient être prises de manière collégiale.

Le président de l'Assemblée nationale, qui en vertu de la Constitution, devient chef d'Etat par intérim en cas de vacance du pouvoir, a demandé à la communauté internationale de se mobiliser pour empêcher la réussite du putsch.

PROMESSE D'ELECTIONS

Conakry était calme mercredi.

Les putschistes semblaient s'y déplacer librement et procéder à des arrestations, ont déclaré des témoins et des sources au sein de la police. Un groupe d'hommes armés a été aperçu en train de pénétrer dans le bâtiment qui abrite la banque centrale.

Camara, coiffé d'un béret rouge, était apparu dans la matinée à la télévision, contrôlée par les putschistes, pour promettre l'organisation d'élections "libres et transparentes" en décembre 2010. Il avait défendu la tentative de coup d'Etat comme un acte civique visant à "sauver un peuple en détresse".

De nombreux habitants disent approuver le putsch.

"Le coup d'Etat est une bonne chose, sinon les anciens dirigeants continueraient leur sale boulot de piller l'Etat", a déclaré un électricien, Naby Laye Traoré.

Mais les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné cette nouvelle atteinte à la démocratie en Afrique après les troubles post-électoraux au Kenya et au Zimbabwe et le coup d'Etat militaire d'août en Mauritanie.

"Nous voulons le rétablissement d'un régime civil, démocratique, le plus tôt possible en Guinée", a déclaré Robert Wood, porte-parole du département d'Etat américain. Washington étudie les moyens d'exercer des pressions, notamment en suspendant son aide à la Guinée.

Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine a demandé à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) d'envoyer une mission en Guinée et son président, Patrick Sinyinza, a "fermement recommandé" le retour le plus rapide possible de la Guinée à la légalité constitutionnelle.

Parmi les 32 membres du CNDD annoncés par la junte, six sont des civils. Le général Mamadou Toto Camara, chef de l'armée de terre, en fait aussi partie.

Les analystes avaient prédit que le décès de Conté, qui s'était emparé du pouvoir en 1984 et avait survécu à plusieurs complots, serait source d'une instabilité marquée par des tensions politiques et militaires et par de possibles affrontements interethniques. - Reuters