Le général Bosco Ntaganda, principal commandant militaire du mouvement rebelle de Laurent Nkunda, accuse son ancien chef, dont il conteste désormais l'autorité, de constituer un obstacle à la paix dans l'est de la République démocratique du Congo.
Le chef militaire tutsi, surnommé "Terminator", a de nouveau affirmé qu'il avait déposé Nkunda, comme il l'avait annoncé lundi, confirmant la "guerre des chefs" au sein du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Mais plusieurs responsables du mouvement ont assuré que Laurent Nkunda était toujours aux commandes. "Nkunda était un obstacle à la paix (...). Le chef du CNDP a été remplacé mais le CNDP est toujours là ", a dit Bosco Ntaganda qui rencontrait jeudi des journalistes dans une ferme de Kabati, dans la province congolaise du Nord-Kivu, théâtre de violents combats l'an dernier. "J'ai le soutien des membres et des chefs du CNDP. Le CNDP a des exigences. Si le gouvernement (de Kinshasa) y répond, je suis prêt à apporter la paix", a-t-il ajouté. Laurent Nkunda, pour sa part, a souligné qu'il restait à la tête du mouvement et que Bosco Ntaganda serait sanctionné pour son insubordination, qu'il a présentée comme "un acte de folie". "S'il y a des gens qui sont derrière le général Bosco, ils ne sont pas du CNDP. Le CNDP est un et indivisible", a affirmé Laurent Nkunda sur Radio France Internationale. "Pour le moment, il semble que la plupart des commandants militaires sont restés derrière Nkunda", a déclaré à Reuters Jason Stearns, un spécialiste des questions congolaises, tout en reconnaissant la grande popularité de Ntaganda auprès des hommes de troupe, qui sont en majorité, comme lui, du clan Gogwe. NTAGANDA RECHERCHÉ PAR LA CPI En avril dernier, la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a diffusé un mandat d'arrêt visant Bosco Ntaganda, l'accusant d'avoir recruté des enfants de moins de 15 ans pour participer au conflit interethnique dans la région de l'Ituri, dans l'est de la RDC. Bosco Ntaganda est un ancien associé de Thomas Lubanga, ancien chef de milice dans l'Ituri, dont le procès devant la CPI doit commencer le 23 juin. Lubanga est aussi accusé d'avoir recruté des enfants soldats. "Terminator" est revenu en 2006 dans sa province natale du Nord-Kivu où il a rejoint le CNDP qui dit défendre la minorité tutsie en RDC contre la persécution du gouvernement et les milices hutues du Rwanda voisin. Nkunda a refusé jusqu'à présent de remettre Ntaganda aux Congolais ou aux autorités internationales, demandant des preuves des crimes de guerre de son chef militaire. Selon des responsables de l'Onu et des défenseurs des droits de l'homme présents dans la région, le CNDP envisage de punir Ntaganda après le massacre d'environ 150 civils dans la ville de Kiwanja, dans le Nord-Kivu. Après le lancement d'une nouvelle offensive fin août, les rebelles de Nkunda ont mis en déroute l'armée du président congolais Joseph Kabila et pris possession d'une grande partie du Nord-Kivu, avant de déclarer un cessez-le-feu unilatéral fin octobre. Les combats ont déclenché une nouvelle crise humanitaire dans la région où les conflits n'ont pas cessé depuis la fin officielle de la guerre entre 1998 et 2003 dans l'ancienne colonie belge. – Reuters