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Le nouveau président somalien prône la réconciliation

Feb 01, 2009

Elu président de la Somalie, le cheikh Charif Ahmed a promis, après sa prestation de serment, d'oeuvrer à la paix avec les pays voisins et de combattre la piraterie et l'extrémisme islamiste.

Ahmed, considéré comme un islamiste modéré, a été élu dans la nuit de vendredi à samedi par les députés somaliens réunis pour des raisons de sécurité à Djibouti.

"Nous prendrons des mesures concrètes pour répondre aux inquiétudes internationales face à la piraterie et à la confusion qui entoure l'islam", a dit Ahmed qui devrait constituer un gouvernement d'union nationale ce week-end.

Le nouveau chef de l'Etat s'exprimait dans le hall de l'hôtel où avait été signé un accord de paix qui a permis à l'opposition de revenir au gouvernement, suivant un plan établi par l'Onu.

Au second tour de scrutin, Ahmed a obtenu une majorité de 293 voix lors d'une session nocturne du parlement.

A l'issue du premier tour, vendredi soir, l'autre favori de l'élection, le Premier ministre Nur Hassan Hussein, crédité de seulement 59 voix, s'était retiré de la compétition.

Les analystes estiment que le nouveau chef de l'Etat, en raison de ses origines islamistes et du soutien des parlementaires, bénéficie d'atouts pour réconcilier les Somaliens, divisés par 18 ans de chaos et d'oppositions claniques.

"Dans le meilleur des cas, le scénario qui se dessine devant nous est un processus politique lent et difficile pour instaurer une coalition au centre", a expliqué John Prendergast, spécialiste de la Somalie.

Le cheikh Charif Ahmed est le dirigeant de l'Alliance islamiste pour la relibération de la Somalie (ARS).

Agé d'environ 45 ans, il a été président de l'Union des tribunaux islamiques qui avait chassé les seigneurs de la guerre de Mogadiscio et avait dirigé la capitale pendant six mois en 2006, avant que l'armée éthiopienne ne l'en chasse à son tour.

Il a étudié en Libye et au Soudan avant de devenir professeur de géographie dans une école secondaire de Mogadiscio.

LE DÉFI DE LA RÉCONCILIATION

Ahmed a rencontré des responsables américains par le passé et l'Occident voyait en lui un choix acceptable pour la présidence, même si les intégristes estiment qu'il s'est vendu aux adversaires de l'islam.

Son premier défi sera de les faire participer à un processus de réconciliation et de ramener la paix parmi les 10 millions de Somaliens.

Au cours des deux dernières années, plus de 16.000 civils et un nombre indéterminé de combattants ont péri dans l'insurrection islamiste contre le gouvernement de transition et ses alliés éthiopiens.

Un million de personnes ont été chassées de chez elles et un tiers de la population dépend de l'aide alimentaire extérieure. Les ONG caritatives parlent d'une des pires crises humanitaires au monde.

La Somalie n'a plus de véritable gouvernement central depuis que des seigneurs de la guerre ont chassé du pouvoir Mohamed Siad Barre en 1991.

Malgré le retrait des troupes éthiopiennes, achevé cette semaine, et le processus de paix de Djibouti destiné à réconcilier le gouvernement et l'opposition, les insurgés les plus extrémistes, dirigés par l'organisation Al Chabaab (Jeunesse), refusent de déposer les armes.

Pour Al Chabaab, le scrutin organisé à Djibouti est sans valeur.

Le groupe islamiste s'est emparé cette semaine du siège du parlement à Baidoa, dans le centre de la Somalie, profitant du retrait éthiopien, ce qui signifie que le gouvernement de transition ne contrôle plus qu'une petite partie de la capitale Mogadiscio, grâce à l'appui des 3.500 soldats de maintien de la paix de l'Union africaine.

Juste avant le vote de Djibouti, Al Chabaab avait annoncé qu'il allait lancer une nouvelle offensive contre le pouvoir somalien.

L'élection d'Ahmed a été accueillie par des manifestations de joie à Mogadiscio où des habitants ont défilé dans les rues en brandissant des rameaux et où les soldats ont tiré en l'air.

"Bienvenue à Charif ! Nous en avons assez de la guerre. Que les Somaliens se donnent la main", a lancé une manifestante. – Reuters