Le pape François a appelé dimanche à la fin de la guerre en Syrie et à une «nouvelle page de l'Histoire» israélo-palestinienne, lors de son traditionnel message de Noël «Urbi et orbi», marqué aussi par les attentats jihadistes en Europe.
«Il est temps que les armes se taisent définitivement et que la communauté internationale s'emploie activement pour qu'on arrive à une solution négociée» en Syrie, a déclaré au Vatican le chef spirituel de 1,2 milliard de catholiques.
Dans ce pays, où le régime syrien soutenu par la Russie vient de reprendre par la force le contrôle d'Alep, «trop de sang a été versé», a souligné le souverain pontife à propos du conflit vieux de plus de cinq ans. «Surtout dans la ville d'Alep, théâtre ces dernières semaines d'une des batailles les plus atroces, il est plus que jamais urgent qu'assistance et réconfort soient garantis à la population civile à bout de forces, en respectant le droit humanitaire».
La communauté catholique d'Alep devait célébrer dans la journée la première messe depuis cinq ans dans la cathédrale maronite Saint-Elie, dans la Vieille ville. Un petit groupe a entrepris de nettoyer l'édifice dévasté et d'y construire une crèche. «On a tous nos souvenirs ici, on y a célébré nos fêtes et nos joies. On veut transformer les décombres en quelque chose de beau», explique un membre de ce groupe, Bachir Badaoui.
Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre de Rome, le pape argentin, 80 ans, a aussi lors de son message «Urbi et orbi» («à la ville et au monde») espéré «la paix» en Terre sainte. «Qu'Israéliens et Palestiniens aient le courage et la détermination d'écrire une nouvelle page de l'Histoire, où haine et vengeance cèdent la place à la volonté de construire ensemble un avenir de compréhension réciproque et d'harmonie», a-t-il demandé.
Vendredi, l'abstention des États-Unis lors d'un vote au Conseil de sécurité a permis l'adoption de la première résolution de l'ONU depuis 1979 condamnant Israël pour sa politique de colonisation. «Décision biaisée et honteuse», a réagi samedi le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, en s'en prenant particulièrement au président Barack Obama alors que les Palestiniens se félicitaient de la décision de l'ONU.
À Bethléem, 2500 fidèles palestiniens et étrangers ont rempli pour la messe de minuit la basilique de la Nativité, bâtie sur la grotte où les chrétiens pensent que le Christ serait né. À Nazareth dans le nord d'Israël, ville où le Christ aurait passé son enfance, plus de 25 000 personnes ont participé de leur côté aux célébrations de Noël.
Sud-Soudan, République démocratique du Congo, Ukraine, Corée, Venezuela... Le souverain pontife a passé en revue l'instabilité dans le monde, appelant notamment à une «concorde retrouvée» en Irak, en Libye et au Yémen, «où les populations pâtissent de la guerre et d'atroces actions terroristes». «Paix aux hommes et aux femmes des différentes régions de l'Afrique, particulièrement au Nigéria, où le terrorisme fondamentaliste exploite aussi les enfants pour perpétrer horreur et mort», a aussi dénoncé le pontife argentin.
«Paix à qui a perdu un être cher à cause d'actes atroces de terrorisme, qui ont semé peur et mort au coeur de tant de pays et de villes», a ajouté le pape.
En Allemagne, pays meurtri le 19 décembre par un attentat au camion-bélier à Berlin revendiqué par le groupe Etat islamique (12 morts), les homélies lors des messes étaient empreintes d'évocation des «attaques terroristes». «Noël porte cette année une blessure profonde», a résumé l'évêque catholique de Rotenbourg (sud-ouest), Gebhard Fürst.
La France, plusieurs fois touchée en 2016 par des attentats jihadistes, avait déployé de son côté 91 000 personnes des forces de l'ordre pour assurer la sécurité des festivités. «Les Français ont pu aller à leurs divers réveillons, aux cérémonies religieuses, sans qu'il y ait de problèmes», s'est félicité le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux. - AfricaLog avec agence