Le premier ministre français Manuel Valls a annoncé lundi soir sa candidature à la présidentielle de 2017 pour «rassembler la gauche», très divisée, face à une droite et une extrême droite déjà lancées dans la bataille.
Manuel Valls s'est engagé à «renvoyer dans les cordes» l'extrême droite qui «ruinerait les petites gens, les retraités, les ouvriers». Mais aussi à combattre le programme de la droite, qui représente à ses yeux «un recul social généralisé», dans un discours au ton combatif depuis son fief électoral d'Évry en région parisienne.
Il démissionnera dès mardi pour se consacrer à sa campagne pour la primaire socialiste des 22 et 29 janvier.
Le premier ministre affrontera lors de cette primaire d'autres personnalités du parti plus marquées à gauche, comme l'ancien ministre de l'Économie Arnaud Montebourg.
La candidature de M. Valls ne faisait guère de doute après l'annonce jeudi par le président François Hollande, très impopulaire, qu'il renonçait à briguer un second mandat.
«Ma candidature est celle de la conciliation, elle est celle de la réconciliation», a assuré le premier ministre, devant un public métissé à l'image de sa ville, alors qu'il ne fait pas l'unanimité au sein de son camp.
«La primaire qui s'ouvre est un formidable moyen pour recréer l'unité», a-t-il affirmé, lançant un appel «à tous les Français» à participer à la primaire.
Selon un sondage publié dimanche, le premier ministre, né Espagnol il y a 54 ans et naturalisé Français à l'âge de 20 ans, est le préféré des sympathisants de gauche pour devenir le candidat du Parti socialiste lors du scrutin en avril-mai.
Reste à savoir s'il parviendra à rassembler suffisamment le parti autour de lui. Il ne bénéficiera pas du soutien «automatique» des fidèles de François Hollande, ont déjà averti ces derniers. Même discours de la part de Martine Aubry, un des poids lourds du PS.
«J'ai pu avoir des mots durs, susciter des débats, des incompréhensions», a reconnu Manuel Valls, chantre d'une modernisation de la gauche, dont le discours pro-entreprise et le style autoritaire crispent une partie des socialistes.
Cet été, il avait défendu l'interdiction du «burkini», maillot de bain intégral, par des maires de droite au nom du respect de la laïcité. Après les attentats de janvier 2015, il a aussi refusé de chercher la moindre explication au basculement djihadiste de jeunes Français, jugeant qu'« expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser».
À droite, le secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, s'est empressé de renvoyer Manuel Valls au «bilan calamiteux» du mandat de François Hollande.
David Rachline, du Front national, voit en lui le «premier ministre qui a tout échoué».
Au PS, pour l'heure, seul M. Montebourg a déposé ses parrainages à la primaire. Un ancien ministre, Benoît Hamon, est aussi candidat, et d'autres personnalités pourraient se déclarer.
Une fois passée la primaire, le chemin restera semé d'embuches pour le candidat du PS, qui devra affronter le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et l'ancien ministre de l'Économie Emmanuel Macron, plus au centre. Tous deux ont exclu de participer à la primaire.
Dans ce contexte d'une gauche fragmentée après un mandat de François Hollande marqué par une impopularité record, tous les sondages donnent le candidat de la droite François Fillon et la chef de l'extrême droite Marine Le Pen qualifiés pour le second tour, en mai. Et la gauche éliminée, comme à la présidentielle de 2002, finalement remportée par Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen.
«Je ne veux pas que la France revive le traumatisme de 2002», a assuré Manuel Valls lundi soir, persuadé que «rien n'est écrit».
Plusieurs noms circulent pour le remplacer au poste de premier ministre, tous déjà au gouvernement: Bernard Cazeneuve (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Défense), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marisol Touraine (Santé) ou Najat Vallaud-Belkacem (Éducation). – AfricaLog avec agence