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Le «président le plus pauvre du monde»

Jan 06, 2017
Le «président le plus pauvre du monde»

Il lui porte la même admiration qu'à ses idoles de jeunesse: le cinéaste serbe Emir Kusturica vient de terminer le tournage en Uruguay de son documentaire Le dernier héros, consacré à l'ancien dirigeant José Mujica, surnommé le «président le plus pauvre du monde».

«J'ai développé une vision particulière du monde, liée aux personnes que j'admirais depuis ma jeunesse, du (guérillero Ernesto) Che Guevara à (l'ex-président cubain Fidel) Castro», confie-t-il à l'occasion du tournage des dernières scènes à Montevideo.

«Comme je n'ai rien pu faire avec eux deux (...), quand j'ai entendu parler d'un homme qui était président tout en continuant à conduire son tracteur et réparer sa maison, je me suis dit "C'est lui mon homme". Et je ne me suis pas trompé», assure le réalisateur de 62 ans, lauréat de deux Palmes d'or au Festival de Cannes (France), en 1985 et en 1995.
Cet homme, c'est José Mujica, 81 ans, dit «Pépé», qui s'est fait connaître dans le monde entier pour son style informel, son franc-parler et sa façon de gouverner l'Uruguay entre 2010 et 2015.

Promoteur de mesures pionnières comme le mariage homosexuel et la légalisation du cannabis, ce chantre anti-consommation reversait la quasi-totalité de ses revenus à un programme de logement social, s'attirant le surnom de «président le plus pauvre du monde».

Même s'il a suscité des critiques dans son propre pays, pour Kusturica c'est Le dernier héros, titre du https://www.acheterviagrafr24.com/viagra-pfizer/ documentaire qu'il lui consacre, mêlant entretiens et images de ses nombreux voyages à l'étranger.

«Il y a des gens en Uruguay qui n'aiment pas ce qu'il fait, ce qui est naturel», observe-t-il, certains lui reprochant de ne pas avoir tenu ses promesses concernant la réforme de l'éducation ou de l'administration.

Mais «même s'il est populaire autour du monde, il ne l'est pas autant que je le souhaiterais», dit Kusturica.

Le cinéaste serbe, connu pour Chat noir chat blanc, Le temps des gitans ou encore Underground, voit dans «l'expérience» de vie de Mujica, ex-guérillero emprisonné 14 ans avant de se reconvertir dans la politique pour devenir député, sénateur, ministre et finalement président, une «synthèse» de «l'histoire compliquée» de nombreux pays.

Aujourd'hui sénateur, Mujica vit toujours dans sa modeste «chacra» (ferme) en périphérie de Montevideo. C'est là que Kusturica tourne les dernières images.

«Il est connecté de façon presque religieuse avec la terre», s'enthousiasme le réalisateur, qui filme, par une journée chaude, un groupe de jeunes venus écouter Mujica leur raconter sa façon de cultiver.

Le documentaire se centrera sur «son dernier jour à la présidence», lorsqu'il était «en train de se préparer à transmettre les manettes à une autre personne», le leader de gauche Tabaré Vazquez qui lui a succédé début 2015.

Les proches de Mujica assurent que l'ex-président a «beaucoup de patience» avec Kusturica, mais en ce jour de tournage, le vieil homme regarde régulièrement sa montre tandis qu'il attend, devant sa maison, que ce soit son tour de «jouer» face aux caméras.

Portant un chapeau, une chemise aux manches retroussées, un pantalon large, des lunettes noires, de vieilles sandales en plastique, «Pepe» accueille le groupe de jeunes dans sa «chacra» où il a reçu nombre de personnalités, comme l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos.

Au bout de 45 minutes, le tournage bascule sur la conversation entre le Serbe et l'Uruguayen.

Pour la première fois en quatre ans, Kusturica interroge Mujica sur sa famille, sur la mort. L'ex-président lui offre les paroles du tango La ultima curda («La dernière beuverie»), traduites en anglais. Séduit, Kusturica propose d'utiliser la chanson dans le film.

Interrogé le jour suivant, Mujica salue l'idée du documentaire, qui, selon lui, permettra «que l'on connaisse l'Uruguay, qui a beaucoup à apporter au monde», même si c'est «le pays le plus petit d'Amérique latine».

«Kusturica, je ne sais pas trop ce qu'il va faire, parce qu'il est à moitié...», dit-il en secouant sa main droite à côté de sa tête en signe de folie, «et moitié génial». «Mais j'ai beaucoup de respect pour lui».

Ce qu'il attend du projet? Qu'il transmette un message d'«humilité et d'engagement».
Kusturica prévoit, lui, que son documentaire soit prêt, au plus tôt, pour la Mostra de Venise en septembre 2017. – AfricaLog avec agence