Plus de vingt millions d'Algériens étaient appelés aux urnes jeudi pour élire leur président parmi six candidats, dont le sortant Abdelaziz Bouteflika qui fait figure de grandissime favori mais qui souhaite pour son 3e mandat une victoire en forme de plébiscite.
Un service de sécurité "adapté" a été mis en place pour surveiller les 46.577 bureaux de vote, selon le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, qui a fait état d'une participation plus importante (29,42 % à 12H00 GMT) qu'en 2004, date de la dernière élection, dans plusieurs régions. Des incidents provoqués par des jeunes ont entraîné la fermeture de deux bureaux de vote à Bouira (120 km au sud-est d'Alger) et des islamistes armés ont tenté une opération à Naceria, près de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger), a indiqué M. Zerhouni autre précision. Abdelaziz Bouteflika, 72 ans, a voté en milieu de matinée dans le quartier chic d'El Biar, sur les hauteurs d'Alger. Tout au long de sa campagne menée tambours battant, il a appelé à l'envi les Algériens à voter massivement, tout comme ses cinq autres concurrents hantés par l'abstention. M. Bouteflika, élu en 1999 et réélu en 2004, veut asseoir sa légitimité avec ce scrutin boycotté par l'opposition traditionnelle par un score au moins égal aux 84,99% des voix obtenues il y a cinq ans. Il espère en outre un taux de participation supérieur à celui de 2004 (près de 55%). Peu connus du grand public, à l'exception de Louisa Hanoune qui peut s'appuyer sur son Parti des travailleurs (PT, trotskiste) et un programme qu'elle défend depuis des années, les autres candidats manquent d'assise face à M. Bouteflika, souligne la presse privée algérienne, unanime. Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA, nationaliste), Mohamed Saïd (Parti de la Justice et liberté, PJL, islamique modéré), Ali Fawzi Rebaïne (AHD-54, nationaliste, 0,63% en 2004) ou Djahid Younsi (El Islah, islamiste modéré), ont fait campagne sur la lutte contre la corruption, les injustices sociales ou la mauvaise répartition des richesses nationales. Le président sortant a bénéficié d'un soutien sans faille des partis, organisations ou associations favorables à son troisième mandat pour sa campagne axée sur le bilan de 10 ans de pouvoir. Promettant un nouveau plan de développement de 150 milliards de dollars sur cinq ans, la construction d'un million de logements et la création de trois millions d'emplois, il a aussi à réitéré sa volonté de poursuivre sa politique de réconciliation nationale. Entamée dès 1999 après "une décennie noire" déclenchée par les islamistes et qui a fait plus de 150.000 morts dans des meurtres, attentats ou massacres collectifs, cette politique a permis avec deux référendums de mettre fin aux violences et d'obtenir la reddition de milliers d'islamistes. Visant ceux qui, éparpillés dans les maquis de certaines régions, poursuivent le combat au nom d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), M. Bouteflika a déclaré qu'un référendum trancherait sur l'éventuelle amnistie pour ceux qui déposeraient définitivement les armes, tout en promettant une lutte acharnée contre les irréductibles. Si la situation sécuritaire s'est très sensiblement améliorée, les Algériens étaient, à la veille du scrutin, plus préoccupés par les problèmes sociaux, dont l'augmenation du coût de la vie. – AFP