Sarah Palin, l'ancienne colistière du candidat républicain à la Maison Blanche John McCain, a déclenché une vague de spéculations en annonçant par surprise vendredi qu'elle quittait son poste de gouverneure de l'Alaska, un an et demi avant la fin de son mandat. Parmi les pistes avancées: une ambition de briguer l'investiture du parti de l'éléphant pour la présidentielle de 2012.
Lors de la conférence de presse organisée à la hâte à son domicile de Wasilla, dans la banlieue d'Anchorage, Sarah Palin, 45 ans, est restée très vague sur ses motivations. Rejetant la "politique politicienne", elle a dit vouloir faire bouger les choses "en dehors du gouvernement". Elue gouverneure de l'Alaska en 2006 pour quatre ans, elle a expliqué qu'elle ne briguerait pas un second mandat et qu'elle préférait passer le relais dès le 26 juillet au gouverneur adjoint Sean Parnell. "Certains acceptent ce statut de canard boiteux" et "ils encaissent la paie" mais "je ne veux pas imposer cela aux habitants de l'Alaska", a-t-elle justifié. Sa décision de ne pas se représenter est classique pour les gouverneurs qui souhaitent briguer une investiture mais d'habitude, ces derniers achèvent leur mandat local. "Si elle pense que quitter son poste avec 16 mois d'avance va l'aider à se préparer pour peut-être quelque chose de plus grand ou de mieux sur la scène politique, je crois qu'elle se trompe cruellement. On ne peut pas démissionner comme ça", a observé Andrew Halcro, candidat malheureux au poste de gouverneur de l'Alaska en 2006. "Je suis profondément déçue que la gouverneure ait décidé d'abandonner son Etat et ses concitoyens avant le terme de son mandat", a tancé la sénatrice (républicaine) de l'Alaska Lisa Murkowski dans un communiqué d'une phrase. Son père Frank Murkowski était le gouverneur sortant en 2006, lorsqu'il a perdu la primaire face à Palin. On ignore si Sarah Palin va tenter de conquérir un siège au Sénat ou à la Chambre des Représentants. Sa porte-parole Meghan Stapleton a précisé seulement que la gouverneure démissionnaire allait tenter "d'apporter du changement positif en tant que citoyenne sans titre". Sarah Palin pourrait également se tourner vers le privé. Elle a déjà un contrat avec la maison d'édition HarperCollins pour publier ses mémoires au printemps prochain. En 2008, le choix de Sarah Palin comme colistière de John McCain avait fait couler beaucoup d'encre. Atypique, hors normes, autant de qualificatifs employés pour décrire la populaire, énergique et télégénique gouverneure, mère de famille nombreuse, originaire de Wasilla et finaliste du concours Miss Alaska en 1984. Ce fut indéniablement un choix choc: première femme à devenir colistière sur un ticket républicain, elle est l'un des gouverneurs les plus populaires du pays. Mais si elle est incollable en pêche au saumon et chasse à l'élan, elle a rapidement montré qu'elle était totalement néophyte en politique étrangère, voire en politique intérieure. Des conseillers de campagne confiaient encore la semaine dernière au magazine "Vanity Fair", sous couvert d'anonymat, combien Sarah Palin leur paraissait peu préparée à diriger le pays si besoin était. Première femme gouverneure d'Alaska, après avoir été maire et conseillère municipale de Wasilla, et brièvement responsable de la Commission pour le pétrole et le gaz d'Alaska, Sarah Palin arrive au Capitole d'Anchorage en 2006, sur un programme de réformes éthiques. Faisant campagne contre la corruption, mal endémique dont souffrent les politiciens républicains de l'Alaska, elle a pris une fois élue ses distances de la puissante vieille garde locale du parti, et augmenté les impôts sur les bénéfices des compagnies pétrolières, remplissant ainsi les caisses de l'Etat. Plusieurs "casseroles" l'ont poursuivie, notamment des soupçons d'abus de pouvoir et de limogeage d'un responsable public en raison d'une affaire à caractère privé impliquant sa soeur et l'ex-mari de cette dernière. Sarah Palin, qui avait mis en avant sa vie d'Américaine "comme tout le monde", a également été critiquée pour ses frais vestimentaires durant la course à la Maison Blanche, en 2008: 150.000 dollars (107.460 euros) payés par le comité de campagne républicain pour ses toilettes et son maquillage. AP