Le général David Petraeus, ancien patron de la CIA, s'est plutôt bien sorti d'une affaire d'adultère couplé de fuites de documents ultra-secrets à sa maîtresse, en écopant jeudi de deux ans de sursis et 100 000 dollars d'amende.
Le général quatre étoiles a plaidé coupable jeudi devant un tribunal de Caroline du Nord et admis avoir «retiré et détenu sans autorisation des informations classifiées» et «avoir menti au FBI et à la CIA sur la possession et la manipulation d'informations classifiées», a indiqué la procureure Jill Westmoreland Rose, dans un communiqué.
Au terme de plus de deux ans d'enquête, le FBI avait recommandé en janvier 2015 d'engager des poursuites contre l'ex-patron de la CIA, après que des documents classifiés eurent été retrouvés sur l'ordinateur de sa maîtresse et biographe, Paula Broadwell.
En plaidant coupable, l'ex-directeur de la CIA et héros de l'Amérique s'évite un procès potentiellement embarrassant et met un point final au scandale qui avait éclaboussé le monde du renseignement à l'été 2012. Devant un jury, le général Petraeus aurait risqué jusqu'à huit ans de prison fermes.
«Aujourd'hui marque la fin d'une épreuve de deux ans et demi, conséquence des erreurs que j'ai faites», a déclaré le général Petraeus à sa sortie du tribunal de Charlotte, selon une télévision locale.
«Comme je l'ai fait par le passé, j'ai demandé pardon à mes proches et à beaucoup d'autres, dont ceux que j'ai eu le privilège de servir pendant des années au gouvernement et à l'armée. Je veux en profiter pour remercier tous ceux qui ont exprimé et démontré leur soutien depuis que j'essaie d'avancer depuis novembre 2012», a-t-il ajouté avant de s'engouffrer dans une voiture.
Le chef de la prestigieuse agence centrale du renseignement avait démissionné de son poste en novembre 2012 après avoir reconnu entretenir une relation extra-conjugale avec Paula Broadwell.
Il avait d'abord assuré que les documents découverts sur l'ordinateur de celle-ci ne mettaient pas en danger la sécurité nationale.
«Black Books» hautement classifiés
Mais en plaidant coupable, il admet avoir «apporté» huit recueils de documents qu'il avait lui-même qualifiés de «hautement classifiés», dans une maison de Washington où il a passé un long week-end, fin août 2011, avec sa biographe.
Il avait ensuite laissé ces recueils, regroupés sous le nom de «Black books» («livres noirs»), dans cette maison «pour (en) permettre l'accès» à Mme Broadwell qui préparait alors sa biographie publiée en 2012 sous le titre All In: The Education of General Davis Petraeus.
Si aucune information confidentielle des «Black books» ne figure dans la biographie, le général avait laissé ces recueils dans la maison de Washington jusqu'au 1er septembre, date à laquelle il les avait récupérés et rapportés chez lui en Virginie, selon le compte-rendu des faits.
Le scandale sexuel Petraeus avait éclaté trois jours après la réélection de Barack Obama, qui avait confirmé plus tard que l'affaire n'avait a priori pas eu de conséquences sur la sécurité nationale des États-Unis.
Tout avait débuté à l'été 2012, quand le FBI a ouvert une enquête sur six courriers électroniques anonymes de menace envoyés à Jill Kelley, 37 ans, une amie du général Petraeus et de sa famille.
Au cours de son enquête, le FBI avait identifié Paula Broadwell comme l'auteur des courriels de menace. Sur la messagerie de cette mère de famille, les agents fédéraux avaient trouvé la trace de conversations intimes avec David Petraeus puis de documents classifiés. – AfricaLog avec agence