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L'Indonésie va exécuter dix trafiquants de drogue

Apr 23, 2015
L'Indonésie va exécuter dix trafiquants de drogue

Les autorités indonésiennes ont annoncé jeudi avoir donné l'ordre de préparer les exécutions de dix condamnés à mort pour trafic de drogue, principalement des étrangers, dont le Français Serge Atlaoui, suscitant l'indignation de la France et de l'UE.

«L'ordre a été donné de lancer les préparatifs», a déclaré le porte-parole du bureau du procureur général, Tony Spontana, sans plus de détails.

Les Européens, réunis en sommet jeudi à Bruxelles, ont vivement réagi: «L'Union européenne est totalement opposée à la peine de mort. Cela ne peut pas être une réponse au trafic de drogue», a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Le président français François Hollande a pour sa part affirmé qu'il fallait «tout faire jusqu'au dernier moment» pour que l'exécution de Serge Atlaoui n'ait pas lieu. «L'abolition de la peine de mort est pour nous un principe essentiel (...) Pour Serge Atlaoui la mort ne peut pas être la sanction», a-t-il déclaré.

Aucune date n'a été fixée pour les exécutions qui seront notifiées 72 heures au préalable aux condamnés. Le procureur général a précisé que cela n'avait pas encore été le cas.
Les dix condamnés, originaires d'Australie, France, Brésil, Philippines, Nigeria, Ghana et Indonésie, seront alignés ensemble devant un peloton d'exécution.

Paris n'a cessé de hausser le ton depuis le rejet du dernier recours du Français mardi par la Cour suprême d'Indonésie pour tenter de le sauver.

Serge Atlaoui, incarcéré depuis dix ans, affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.

Cette exécution «serait dommageable pour l'Indonésie, dommageable pour les relations que nous voulons avoir avec elle», avait déjà déclaré mercredi François Hollande, en rappelant son opposition à la peine de mort, abolie en France en 1981.

Dans une lettre adressée jeudi à son homologue indonésienne, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a dénoncé le fait que, selon lui, Serge Atlaoui n'a «pas bénéficié du plein exercice de ses droits», «du fait de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne».

Il a été victime d'un «traitement expéditif», et a été «condamné à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées», a-t-il accusé.

«Urgence de la situation»

Interrogée à Jakarta, la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi a indiqué qu'elle communiquerait dans la soirée par téléphone avec M. Fabius.

«Je vais lui expliquer le système judiciaire en Indonésie, et je vais lui expliquer l'urgence de la situation provoquée par les crimes liés à la drogue» dans l'archipel, a déclaré Mme Marsudi.

M. Fabius a convoqué mercredi, pour la troisième fois, l'ambassadeur d'Indonésie pour évoquer cette affaire.

L'UE s'était également déjà émue de cette condamnation.

«Nous reconnaissons que l'Indonésie doit affronter un problème de (trafic de) drogue grandissant, mais l'expérience dans d'autres pays montre que la peine capitale n'est pas la bonne réponse», avait déclaré jeudi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant le sommet.

«L'UE est prête à réfléchir aux moyens de soutenir les efforts de l'Indonésie dans sa lutte contre la drogue et nous sommes prêts à renforcer notre coopération avec l'Indonésie en ce domaine», avait-elle ajouté.

Le président indonésien Joko Widodo est intransigeant sur l'exécution de condamnés à mort pour drogue, en particulier pour des raisons de politique intérieure.

Après avoir remporté la présidentielle l'été dernier et pris ses fonctions en octobre, l'une de ses premières décisions a été de rejeter toutes les demandes de grâce de condamnés à mort pour drogue.

Après la reprise des exécutions en janvier pour la première fois depuis 2013 --six condamnés pour trafic de drogue dont cinq étrangers-- les autorités ont montré leur empressement à exécuter une deuxième liste de condamnés à mort, en grande majorité pour trafic de drogue.

Comme la France, l'Australie, dont deux ressortissants doivent être exécutés, a mis en garde contre des «conséquences» sur les relations bilatérales en cas d'exécution. – AfricaLog avec agence