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Madagascar: des milliers de manifestants contre l'arrivée au pouvoir de Rajoelina

Mar 23, 2009

Plusieurs milliers de manifestants ont protesté lundi à Antananarivo contre l'arrivée au pouvoir d'Andry Rajoelina et réclamé le retour de Marc Ravalomanana, une contestation inquiétante pour un régime déjà affaibli par l'hostilité de la communauté internationale.

"Avereno dadanay, avereno Ravalo" ("Faites revenir le père, faites revenir Ravalomanana"), a scandé lundi la foule dans une ambiance festive.

"TGV illégal" (surnom de Rajoelina pour son caractère fonceur), "Non à la Transition" lançaient les manifestants, au nombre de 8.000 selon les organisateurs.

La manifestation s'est tenue dans une partie du parc d'Ambohijatovo (centre d'Antananarivo), qui avait été baptisée le 17 janvier "Place de la démocratie" par M. Rajoelina, alors chef de l'opposition, pour dénoncer l'interdiction de manifester sous la présidence de M. Ravalomanana.

Environ 3.000 manifestants s'y étaient déjà rassemblés samedi pour protester contre la prise de pouvoir du maire d'Antananarivo.

"Nous estimons que l'accession (au pouvoir) d'Andry Rajoelina est illégale et la communauté internationale est d'accord avec nous", a déclaré à l'AFP Andrianatoandro Raharinaivo, porte-parole du parti TIM de M. Ravalomanana, et qui s'est présenté comme porte-parole de ce mouvement.

"On commence par 8.000 personnes et on arrivera à 50.000. On va poursuivre notre mobilisation, c'est une question de rapport de forces", a ajouté ce député.

"Nous souhaitons que Rajoelina quitte le pouvoir. A Madagascar, il n'y a pas d'investiture sans élection", lançait sous couvert d'anonymat un manifestant.

"Dans l'ensemble de l'île, Ravalomanana rassemble la majorité de la population", affirmait un autre protestataire, Richard Radimiarisoa. Quant à savoir pourquoi ces manifestants n'ont pas soutenu massivement M. Ravalomanana avant sa démission, il réplique: "les gens avaient peur de manifester à cause de la présence des militaires putschistes partout".

Lâché par l'armée, l'ancien président avait été contraint de démissionner mardi dernier en transférant les pleins pouvoirs à un directoire militaire, qui les a ensuite remis à M. Rajoelina.

Ce dernier, qui a mené des manifestations populaires pendant des semaines, a prêté serment samedi en tant que président d'une autorité de transition, malgré l'hostilité de la communauté internationale.

Mais les accusations d'autoritarisme que le maire de "Tana" et ses partisans formulaient contre l'ancien chef de l'Etat se sont aujourd'hui rabattues contre lui, en particulier depuis qu'il a suspendu le sénat et l'assemblée nationale.

Lundi, plusieurs députés ont pris la parole à la tribune, décorée du portrait officiel de M. Ravalomanana et des banderoles de sa campagne électorale lors de sa réélection en 2006.

Le rassemblement s'est dispersé à la mi-journée et les organisateurs ont appelé la foule à se rassembler à nouveau mardi.

Des groupes disparates de manifestants, assez excités, se sont ensuite rendus sur la place du 13-Mai, lieu traditionnel des manifestations pro-Rajoelina, et ont été pris à partie par des passants.

Ce mouvement de contestation de M. Rajoelina se met en place alors que la communauté internationale a condamné son accession au pouvoir, la qualifiant au mieux de "non-démocratique", au pire de "coup d'Etat".

L'Union africaine (UA) et de nombreux pays bailleurs de fond ont réclamé au nouveau pouvoir de prendre des mesures pour revenir à l'ordre constitutionnel. - AFP