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Madagascar suspendu de l'Union africaine, critiqué dans le monde

Mar 20, 2009

L'Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances après la prise du pouvoir par l'opposant Andry Rajoelina

Parallèlement, le nouveau gouvernement malgache a annoncé une révision des contrats avec les investisseurs étrangers.

La Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) avait déjà refusé jeudi de reconnaître le nouvel homme fort de l'île et les circonstances de son arrivée au pouvoir ont été critiquées par l'Union européenne et les Etats-Unis.

"Le conseil estime que ce qui s'est produit à Madagascar entre dans la définition d'un changement de gouvernement non constitutionnel", a déclaré l'ambassadeur du Burkina Faso, Bruno Nongoma Zidouemba, président du conseil de sécurité de l'Union africaine. "Le conseil a donc décidé de suspendre la participation de Madagascar aux instances et organes de l'UA."

Le président Marc Ravalomanana a remis mardi le pouvoir aux militaires, mais ces derniers l'ont transmis à Andry Rajoelina.

"Un coup d'Etat civil et militaire a eu lieu à Madagascar", a conclu Zidouemba.

L'UA souligne qu'aux termes de la Constitution malgache, le nouveau gouvernement de transition a six mois pour convoquer des élections. Zidouemba a annoncé que le bloc se réunirait à une date ultérieure pour discuter de possibles sanctions.

Le Mozambique, l'Angola et le Swaziland, la "troïka" de la SADC, ont fait savoir de leur côté qu'ils recommanderaient l'adoption de sanctions lors de la prochaine réunion du groupe, le 30 mars à Johannesburg, rapporte l'agence sud-africaine Sapa.

Le chef du gouvernement transitoire nommé par Rajoelina, Roindefo Monja, a déclaré que son administration plaiderait son cas devant l'Union africaine et la communauté internationale.

"Qu'ont-ils à dire à propos d'une lutte pour la liberté et la démocratie? Quel crime a été commis?" s'est-il interrogé.

"Nous expliquerons notre cause au monde entier (...) Le peuple a réclamé la liberté et les militaires se sont ralliés au mouvement populaire mais n'ont pas pris le pouvoir (...) Nous sommes sûrs que la communauté internationale comprendra."

Nicolas Sarkozy a réclamé vendredi des élections à Madagascar "le plus rapidement possible", estimant que "c'est la seule façon de sortir de l'imbroglio".

Le président français a aussi estimé que Ravalomanana avait été victime d'un "coup d'Etat" et il a mis en garde le nouveau pouvoir à propos du respect de son intégrité physique.

RENÉGOCIATION DES CONTRATS

Roindefo Monja a ajouté qu'il ne s'attendait pas à une suspension de l'aide internationale parce que les pays donateurs souhaitent la stabilité à long terme de la grande île.

La Norvège a néanmoins fait savoir qu'elle maintenait le gel de l'aide à Madagascar imposé cette semaine après l'arrivée au pouvoir de Rajoelina. Elle a laissé entendre que d'autres pays lui emboîteraient le pas.

En deux mois, le bras de fer entre les partisans du président élu Marc Ravalomanana et l'opposition aura fait au moins 135 morts, ruiné l'économie et ébranlé la confiance des investisseurs étrangers.

Le nouveau ministre des Finances, Benja Razafimahaleo, a annoncé que le gouvernement réviserait tout contrat signé par l'administration Ravalomanana qui n'irait pas dans l'intérêt de la population.

"Le gouvernement a tout cédé", a-t-il déploré dans une interview accordée jeudi soir à Reuters. Andry Rajoelina, a-t-il ajouté, prendra "les précautions nécessaires" pour que les investissements dans les secteurs du pétrole et des minerais profitent au plus grand nombre.

Mais, a-t-il dit, dans le contexte actuel de crise économique, cette renégociation des contrats devra attendre.

Jeudi, un représentant de QMM, filiale de Rio Tinto, qui avait commencé cette année à extraire de l'ilménite, a déclaré que son entreprise attendait que le gouvernement malgache définisse une politique claire.

La veille, Rajoelina avait annoncé l'annulation d'un contrat de location de plus d'un million d'hectares de terres agricoles à Daewoo Logistics, une entreprise sud-coréenne.

Le nouveau numéro un malgache, qui est âgé de 34 ans, a présidé jeudi son premier conseil des ministres et a dissous l'Assemblée nationale et le Sénat. Rajoelina, qui a six ans de moins que l'âge légal pour être chef de l'Etat, doit prêter serment samedi prochain. Il dirige un gouvernement de transition et s'est engagé à organiser des élections d'ici deux ans. - AP