La récente mission du Fonds monétaire international (FMI) conduite Harry Snoek qui a séjourné à Conakry du 22 mai au 6 juin 2014 avait pour but d’avoir des discussions avec les autorités financières sur la quatrième revue du programme appuyé par un accord du FMI au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), approuvé par le Conseil d’administration du FMI le 24 février 2012 pour un montant de 128,52 millions de DTS (soit environ 198 millions de dollars).
C’est ainsi, qu’elle a eu des séances de travail avec le Ministre d’État, Ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Diaré, le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Louncény Nabé, et d’autres membres du gouvernement et hauts responsables. Et les entretiens ont été centrés sur les développements économiques récents et les perspectives de croissance, la mise en œuvre du programme FEC en 2013, et les politiques macroéconomiques et structurelles pour 2014. Il faut souligner que la FEC est le principal outil dont dispose le FMI pour apporter un soutien financier à moyen terme aux pays à faible revenu. Le taux d’intérêt des financements accordés au titre de la FEC est de 0 %, avec un différé d’amortissement de cinq ans et demi et une échéance de 10 ans.
La mission a été reçue en audiences par le Président de la République suivi du Premier ministre.
Au terme du séjour, Harry Snoek a fait le point des discussions entre les deux parties: «Les autorités guinéennes et les services du FMI se sont accordés sur un ensemble de politiques qui, sous réserve de l’approbation de la direction générale et du Conseil d’Administration du FMI, pourraient être supportées par le cinquième décaissement de 18,36 millions de DTS (soit environ 28 millions de dollars) prévu par l’accord au titre de la FEC».
Il a par ailleurs reconnu les coups subis par l’économie guinéenne au courant de 2013, marqué notamment par les crises sociopolitiques: «En 2013 l’économie guinéenne a subi les contrecoups d’une situation sociopolitique difficile et un ralentissement de l’activité dans le secteur minier. En conséquence, la croissance a été estimée à 2,3 pour cent seulement. Malgré l’environnement difficile, le déficit budgétaire a été maitrisé et tous les objectifs quantitatifs du programme FEC pour fin 2013 ont été atteints. Une politique budgétaire et monétaire prudente ont permis une baisse continue de l’inflation qui est passée d’environ 13 pourcent à fin 2012 à environ 10 pourcent en avril 2014. Les réserves de la Banque Centrale ont été maintenues à un bon niveau et le taux de change du franc guinéen est resté stable».
Le Chef de mission du FMI n’a pas perdu de vue l’impact de l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola, entre autres: «Les données préliminaires suggèrent que l’activité économique a été faible durant les cinq premiers mois de l’année 2014. Cela reflète l’impact de l’épidémie Ebola, mais aussi des déficits persistants de la production d’électricité, et des lenteurs enregistrées dans la mise en œuvre des réformes structurelles. La mission exprime toute sa sympathie au peuple guinéen dans cette douloureuse épreuve infligée par le virus Ebola qui a couté des vies humaines».
Comme perspective, Harry Snoek est optimiste: «Un rebond de la croissance est projeté dans la seconde moitié de l’année grâce à une plus forte production agricole, une augmentation des dépenses publiques d’infrastructure, et une reprise graduelle de l’activité minière après la signature récente du cadre d’investissement du projet de minerai de fer du Simandou. Les autorités visent une baisse de l’inflation à 8,5 pourcent d’ici fin 2014 ; les réserves devraient représenter environ trois mois d’importation. Dans les limites de ces objectifs, les autorités vont continuer à desserrer progressivement la politique monétaire pour supporter la croissance».
Les discussions budgétaires ont été centrées sur les perspectives du budget pour le reste de 2014. Les recettes sont projetées à un niveau considérablement plus bas que l’objectif du budget initial. Cependant, des financements additionnels vont permettre de maintenir une augmentation substantielle des dépenses d’investissement tant nécessaires.
La mission encourage les autorités à accélérer les réformes pour améliorer la gestion des finances publiques et renforcer les capacités, en particulier dans le domaine de la préparation et de la mise en œuvre des projets d’investissement. Des efforts soutenus pour renforcer la compagnie d’électricité sont également indispensables pour minimiser le recours aux fonds publics et réduire les délestages.
Harry Snoek de conclure: «La mission du FMI a insisté sur le besoin d’accélérer les réformes structurelles pour réaliser le potentiel de croissance de la Guinée et améliorer les conditions de vie de la population. Elle recommande une adoption rapide du code des investissements pour réduire l’incertitude et promouvoir les investissements. Elle se réjouit du nouveau plan d’action pour réformer la justice et encourage les autorités à finaliser rapidement les textes d’application du code des marchés publics et du code minier. Dans ce contexte, les actions récentes du gouvernement pour coordonner et suivre les réformes structurelles sont encourageantes».
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