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Obama exhorte l'Amérique à ne pas succomber à la peur

Jan 12, 2016
Obama exhorte l'Amérique à ne pas succomber à la peur

Barack Obama a exhorté mardi soir l'Amérique à ne pas céder à la peur, face aux turbulences économiques comme à la menace du groupe État islamique qu'il a appelé à ne pas surestimer.

Soucieux de marquer le contraste avec les républicains qui espèrent lui succéder à la Maison Blanche en 2017, le président démocrate, très à l'aise, enjoué, a invité les Américains à accompagner les «extraordinaires changements» en cours.

A l'attention de ses adversaires qui dénoncent l'absence de véritable stratégie face à l'EI, M. Obama a mis en garde, à la tribune du Congrès, contre les «déclarations excessives» selon lesquelles il s'agirait de «la Troisième guerre mondiale». «Elles font le jeu» des djihadistes, a-t-il averti.

«Des masses de combattants à l'arrière de pick-ups et des esprits torturés complotant dans des appartements ou des garages posent un énorme danger pour les civils et doivent être arrêtés. Mais ils ne représentent pas une menace existentielle pour notre Nation», a-t-il martelé lors de son ultime discours sur l'état de l'Union.

Parler du déclin de l'économie américaine est «une fiction politique», a encore lancé M. Obama, soulignant le chemin parcouru depuis son arrivée au pouvoir en 2009. «Les États-Unis d'Amérique sont la nation la plus puissante du monde», a-t-il martelé dans une référence à peine voilée aux déclarations alarmistes du milliardaire Donald Trump.

L'exécutif met en avant depuis quelques jours la vigueur du marché automobile américain, illustrée par l'euphorie qui règne au salon de Detroit. Près de 17,5 millions de voitures ont été vendues aux États-Unis l'année dernière, un record absolu.

Evoquant les bouleversements profonds qui ont touché les États-Unis au cours de l'histoire -- avec en particulier des vagues d'immigrations successives -- il a appelé à garder le cap: «A chaque fois, certains nous disaient d'avoir peur de l'avenir. (...) A chaque fois, nous avons vaincu ces peurs».

Début décembre, la Maison Blanche a dénoncé des propos «cyniques» et «destructeurs» de Donald Trump après sa proposition visant, sur fond de craintes d'attentats djihadistes, à interdire temporairement l'entrée des États-Unis aux musulmans.

Les bouleversements en cours sont chargés de promesses, telles que «des découvertes médicales fantastiques», a encore souligné M. Obama, avant d'annoncer un «nouvel effort national» pour faire de l'Amérique le pays qui éradique le cancer «une fois pour toutes».

Ce rendez-vous traditionnel était pour le 44e président des États-Unis la dernière occasion de s'adresser aux Américains en prime time avant que Washington et le reste du pays ne basculent complètement dans une véritable frénésie électorale.

Candidats démocrates et républicains à la présidentielle s'apprêtent à entrer - enfin - dans le vif du sujet avec le début des primaires, le 1er février dans l'Iowa.

Le discours a failli être partiellement éclipsé par l'annonce, quelques heures avant le début de l'allocution présidentielle, de la saisie de deux navires américains dans le Golfe persique par les Iraniens. L'exécutif s'efforçait mardi soir de minimiser l'incident, soulignant que les dix marins à bord devaient reprendre rapidement leur navigation.

À douze mois de son départ, le bilan de Barack Obama divise l'Amérique: selon un sondage CBS/NYT, 46% approuvent son action à la Maison Blanche, 47% la désapprouvent.

Le président a aussi replacé au premier plan une ancienne promesse de campagne sur laquelle il a jusqu'ici échoué: fermer la prison de Guantanamo, ouverte après les attentats du 11 septembre 2001.

«Elle coûte cher, elle est inutile, et elle n'est qu'un tract de recrutement pour nos ennemis», a-t-il lancé, sous des applaudissements nourris.

Mettant en avant le chemin parcouru depuis l'annonce il y a un an du rapprochement avec Cuba, il a nouvelle fois appelé le Congrès à lever l'embargo économique américain.
«Cinquante ans passés à isoler Cuba n'ont pas réussi à promouvoir la démocratie et nous ont fait reculer en Amérique latine. Vous voulez renforcer notre leadership et notre crédibilité sur le continent? Admettez que la Guerre froide est finie. Levez l'embargo!», a-t-il lancé.

Sur les trois sénateurs républicains candidats à la succession de M. Obama, seul Marco Rubio (Floride) était présent dans l'hémicycle. Ted Cruz (Texas) avait lui décidé de poursuivre sa campagne dans le New Hampshire, loin de la capitale fédérale dont il dénonce inlassablement les turpitudes.

Dans la traditionnelle réponse au président, prononcée cette année par Nikki Haley, gouverneure de l'État conservateur de Caroline du Sud, les républicains, tout en critiquant vivement la politique étrangère du président, ont aussi, sans le nommer, décocher de sévères piques à Donald Trump.

Le succès de ce dernier dans les sondages affole l'appareil républicain, car il est jugé trop extrémiste pour remporter la présidentielle en novembre.

«Dans cette période anxieuse, il peut être tentant de suivre les chants des sirènes des voix les plus en colère. Nous devons résister à cette tentation», a lancé Nikki Haley.

Dans les tribunes du public étaient présents plusieurs femmes musulmanes en hijab, invitées par des élus démocrates, ainsi qu'un réfugié syrien récemment arrivé aux États-Unis. Jim Obergefell, l'un des plaignants du fameux procès ayant conduit à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, était assis derrière la Première dame. - AfricaLog avec agence