Les célébrations de la 63ème journées des Nations Unies prévues ce jour dans les locaux du ministère des Relations extérieures à Yaoundé auront un goût particulier pour certains hôtes de Henri Eyebe Ayissi. Le ministre des Relations extérieures qui a regagné Yaoundé hier en provenance de Genève en Suisse où il a été du dernier cercle des personnalités camerounaises ayant accompagné le chef de l'Etat Paul Biya dans la capitale helvétique au moment où il était attendu à Montréal, doit recevoir cet après midi l'ambassadeur de Guinée Equatoriale au Cameroun, dans le cadre de ce qu'il est désormais convenu d'appeler " l'affaire du kidnapping du colonel Cipriano Nguema Mba ". Plus qu'une audience ordinaire, c'est à une convocation que va répondre Florencio Maye Ela Mangue, l'ambassadeur de Guinée Equatoriale à Yaoundé, dont la mission diplomatique dans notre pays est accusée d'avoir joué un rôle de premier plan dans le kidnapping et le transfert vers Malabo, de celui qui bénéficiait au Cameroun du statut de réfugié, conformément aux dispositions de la Convention de 1951 en la matière.
Mais il faut dire que Henri Eyebe Ayissi débarque à Yaoundé avec des instructions assez précises du chef de l'Etat au sujet de cette affaire qui est en passe de créer une énième crise diplomatique entre le Cameroun et son voisin. Selon nos sources, Paul Biya aurait en effet instruit le ministre des Relations extérieures de faire toute la lumière sur l'enlèvement du colonel Cipriano Nguema Mba qui empoisonne les relations entre les deux pays. Ce d'autant plus qu'au-delà des deux pays, les Etats-Unis d'Amérique semblent avoir pris pied dans cette affaire dans laquelle ils demandent à voir clair sur ce qui prend de plus en plus des allures de film hollywoodien. Au ministère des Relations extérieures on ne croit pas trop en la collaboration des autorités de Malabo. Même si des sources proches de votre journal indiquent que au cours de l'audition des deux policiers interpellés dans le cadre de cette affaire que ceux-ci ont directement mis en cause le premier conseiller de l'ambassade de Guinée Equatoriale à Yaoundé, "vieille connaissance " du gardien de la paix Ndam Hamidou qui a étudié la langue espagnole à l'université de Yaoundé et qui a activement travaillé dans l'opération de kidnapping du colonel Nguema Mba jusqu'à son transfert en Guinée Equatoriale. Une présence du " prisonnier " sur le sol équato guinéen que les autorités de Malabo continuent de nier. C'est donc de fil à aiguille que le premier conseiller de l'ambassade de Guinée Equatoriale aurait fait cas à son " ami " le gardien de la paix Hamidou Ndam de la présence sur le sol camerounais " d'un dangereux voleur de voitures " qui se serait échappé des geôles de Malabo. En service aux renseignements généraux du Mfoundi, il fera appel à son cousin l'inspecteur de police Ibrahim Ndam qui lui est employé " dans un service actif ", la police judiciaire en l'occurrence pour la phase opérationnelle de l'affaire. Celle-ci conduira au kidnapping du colonel et son transfert vers son pays d'origine. Comme nous l'indiquions dans notre édition de mercredi dernier, le doute persiste encore aujourd'hui sur les conditions de transfert du prisonnier vers la Guinée Equatoriale, même si certaines sources affirment qu'un véhicule officiel de l'ambassade, couvert par l'immunité diplomatique, aurait servi à la besogne. Sur l'absence à Yaoundé de Florencio Maye Ela Mangue au moment des faits, des sources indiquent que le plénipotentiaire d'Obiang Nguema Mbasogo se trouvait dans son pays pour la célébration de la fête nationale le 12 octobre dernier. Ce qui est surprenant au regard des usages qui veulent que chaque ambassadeur organise des manifestations dans son pays d'accueil. Pour essayer de trouver le contre poids de la pression exercée par le Cameroun et le Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr), la Guinée Equatoriale semble mettre aujourd'hui sur la table un cas d'exfiltration d'un ressortissant camerounais recherché par la justice équato guinéenne. Une exfiltration qui aurait été organisée, selon les autorités de Malabo par le consulat du Cameroun à Bata.