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Poutine fustige la «russophobie»

Jun 01, 2017
Poutine fustige la «russophobie»

 Vladimir Poutine a fustigé jeudi la «russophobie contreproductive» des Occidentaux à l'ouverture du rendez-vous annuel des milieux d'affaires russes, vitrine pour le Kremlin d'une économie qui va mieux et attire les investisseurs du monde entier.

Le premier ministre indien Narendra Modi est l'invité d'honneur du président russe, qui devait le recevoir jeudi après-midi en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

L'événement se tient dans un contexte de reprise après deux ans de récession causée par le plongeon des prix du pétrole et les sanctions dues à la crise ukrainienne. Mais sans que l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche ni la présidentielle en France ne permette le réchauffement diplomatique espéré.

La «russophobie» des Occidentaux, a déclaré Vladimir Poutine lors d'une rencontre avec des responsables de médias, est «évidente» et «dépasse les bornes». Mais «elle ne durera pas éternellement, ne serait-ce parce qu'il doit y avoir une prise de conscience qu'elle est contreproductive et porte préjudice à tout le monde», a-t-il ajouté.

Selon le président russe, cette politique est liée à l'émergence d'un monde multipolaire, notamment grâce aux efforts de la Russie, ce qui ne plait pas à certains qui imposent à Moscou «des restrictions économiques, dont l'effet est absolument nul».

La présence de Narendra Modi symbolise les liens que le Kremlin veut renforcer avec des pays émergents sur fond de tensions avec les Occidentaux.

Mais les relations entre les deux puissances se sont distendues ces dernières années. New Delhi, allié militaire de l'URSS pendant la Guerre froide, s'est tourné vers les États-Unis et la France pour diversifier ses achats d'armement. Et elle a peu apprécié de voir Moscou se rapprocher de ses rivaux que sont le Pakistan et la Chine.

Après leur entretien et la signature de contrats notamment dans l'énergie, Vladimir Poutine et Narendra Modi doivent s'exprimer vendredi devant le public du forum.

Sont aussi annoncés le chancelier autrichien Christian Kern et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Les autorités russes mettent en avant l'affluence prévue comme un signe de l'intérêt des investisseurs internationaux pour la Russie.
Plus de 8000 participants sont attendus dans l'ancienne capitale impériale, dont des dirigeants de multinationales françaises (Total, Engie...) et mêmes américaines (Chevron, Boeing) à qui Washington avait déconseillé de participer au Forum après l'annexion de la Crimée.

Le président russe doit également participer à une table ronde réunissant représentants des milieux d'affaires russes et américains, une première en trois ans.

«Le message que veut envoyer l'administration présidentielle, c'est que la Russie reste ouverte pour faire des affaires, avec des compagnies publiques qui travaillent avec l'Inde, l'Arabie saoudite et des fonds souverains», estime Charles Robertson, chef économiste de la banque Renaissance Capital.

Les autorités russes assurent que l'économie du pays s'est désormais adaptée à la faiblesse des prix des hydrocarbures et aux sanctions qui entravent le financement de secteurs entiers sur les marchés internationaux.

Elles reconnaissent cependant que, faute de réformes, les perspectives de croissance restent modestes à moyen terme, bien loin en tout cas de l'expansion spectaculaire ayant marqué les deux premiers mandats de Vladimir Poutine (2000-2008) sur fond d'envolée des cours du pétrole.

«Des transformations structurelles sont nécessaires, mais les mettre en oeuvre n'est pas facile», a reconnu jeudi le ministre des Finances Anton Silouanov à l'ouverture du Forum.

Très probable candidat à la présidentielle prévue en mars prochain, le président russe a demandé au gouvernement ainsi qu'à plusieurs centres de réflexion des pistes pour accélérer la tendance.

Ces propositions occupaient l'essentiel des débats au premier jour du Forum. Les sujets cruciaux abordés concernent la compétitivité de l'économie russe, avec un rebond du rouble qui inquiète les exportateurs, et l'idée controversée d'une baisse des cotisations sociales financées par une hausse de TVA. Le système des retraites constitue un autre sujet sensible, un relèvement de l'âge de départ (55 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes) semblant de plus en plus probable face au déclin de la population active. - AfricaLog avec agence