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Présidentielle au Gabon: vote massif, coup de théâtre politique et tensions

Aug 30, 2009

Les Gabonais ont voté en masse dimanche pour élire le successeur du président Omar Bongo, décédé après 41 ans au pouvoir, lors d'un scrutin à un tour émaillé d'un coup de théâtre après l'annonce du désistement d'un favori et de tensions dans la capitale.

Si tout était calme en province, la situation était tendue, voire explosive dans des quartiers populaires de Libreville où des milliers de Gabonais attendaient de pouvoir voter.

Une tentative de lynchage d'un homme accusé d'être Ghanéen et de voter à tort a eu lieu à Nkembo (est de Libreville) où des électeurs ont mis en cause la régularité du scrutin. A Kinguelé (sud-est), des habitants doutaient également de l'honnêteté du scrutin.

Les opérations de vote -prévues de 07H00 à 18H00 locales (06H00 à 17H00 GMT)- ont débuté avec retard dans de nombreux bureaux à Libreville et Owendo (périphérie nord-est) à cause de la livraison tardive du matériel électoral et de l'absence d'agents électoraux, ont constaté des journalistes de l'AFP.

De nombreuses files d'attente se sont formées autour de bureaux de vote en raison des retards et de la durée de chaque vote. Plus de 813.000 électeurs étaient appelés à s'exprimer dans 2.801 bureaux dans le pays et près de 200 autres à l'étranger.

"C'est la première fois de ma vie que je vote (...) Aujourd'hui, les choses sont différentes, il y a un espoir de changement", a affirmé un électeur de 31 ans à l'AFP dans le quartier de Louis (ouest).

Pendant la campagne, un candidat favori, Ali Bongo, 50 ans, investi par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pu profiter de la machine électorale car cette formation fondée en 1968 par son père Omar Bongo contrôle l'administration.

Officiellement, le PDG a remporté haut la main toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990.

Face à lui, il y avait 22 candidats jusqu'à l'annonce, vendredi, du désistement de cinq d'entre eux en faveur de l'ex-ministre de l'Intérieur (2005-2009) André Mba Obame.

"Si Ali passe, on brûle tout. Vous ne trouverez pas dix électeurs d'Ali ici. C'est impossible qu'il gagne!", a soutenu l'un d'entre eux, Tony Rapariga.

Des partisans d'Ali Bongo assuraient quant à eux que le scrutin se déroulait dans de bonnes conditions.

De nombreux observateurs et candidats affirment craindre des troubles post-électoraux et 21 intellectuels appelaient dès samedi à l'apaisement.

Mais en plein scrutin dimanche un nouveau coup de théâtre s'est produit avec le désistement sans consigne de vote et en catimini de Casimir Oyé Mba, autre favori, qui avait catégoriquement démenti vendredi son ralliement à André Mba Obame.

Il est probable que nombre de ses électeurs n'aient pas été informés de son geste qui laisse 17 présidentiables en lice.

Sans renier la figure d'Omar Bongo, tous les candidats - y compris ceux restés longtemps dans les arcanes du pouvoir - ont reconnu le peu d'efforts entrepris pour le développement sous son régime, réputé clientéliste et corrompu.

Les trois favoris restés en lice -Ali Bongo, André Mba Obame et l'opposant radical Pierre Mamboundou- ont promis un partage plus équitable des ressources pétrolières, minières et forestières.

Plusieurs présidentiables ont critiqué la validité du fichier électoral jugeant le nombre d'électeurs trop élevé pour une population jeune d'1,5 million d'habitants.

Plus de 300 observateurs nationaux et internationaux sont accrédités pour surveiller le scrutin.

Les premières estimations devraient être annoncées "quelques heures" après le vote, mais les résultats complets ne devraient être communiqués que le lendemain ou le surlendemain du scrutin, selon une source gouvernementale. - AFP