L'opposant guinéen Amadou Oury Bah, récemment gracié par le président Alpha Condé après une condamnation à perpétuité pour atteinte à la sureté de l'Etat, est rentré dimanche à Conakry après quatre ans d'exil en France pour œuvrer à une véritable décrispation avec le pouvoir.
C'est un grand honneur pour moi de retrouver le pays qui m'a vu naître. Je suis très heureux de retrouver les hommes et les femmes, les amis qui m'ont accompagné et soutenu durant ces années d'exil, a déclaré M. Bah, vice-président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d'opposition du pays.
Il a été accueilli à l'aéroport de Conakry, par des parents et des militants de l'UFDG dont l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le président du parti.
J'ai une pensée pieuse pour tous ceux qui n'ont pas pu être là parce que durant cette période, beaucoup sont morts, soit de maladie, soit dans les violences politiques, a déclaré M. Bah, après s'être recueilli dans un cimetière de Conakry où sont inhumés 67 partisans de l'opposition, tués, selon cette dernière, depuis 2011 lors de violences politiques dans la capitale.
Au-delà de ma petite personne, c'est la Guinée qui est en jeu, l'avenir de notre pays. Nous avons l'obligation politique et morale d'œuvrer pour une véritable décrispation pour qu'il n'y ait plus d'exilés et de détenus politiques, a-t-il ajouté.
D'autres prisonniers ne sont pas encore libérés. Je travaillerai avec intelligence pour que tout le monde puisse recouvrir sa liberté et j'espère bien le plus rapidement possible, a-t-il poursuivi.
Cellou Dalein Diallo a pour sa part invité son frère Oury Bah à faire preuve de tolérance.
Il y a des frustrations partout et pendant votre absence, le président guinéen Alpha Condé a tué plus de 60 militants de l'opposition, a-t-il affirmé.
Amadou Oury Bah avait été condamné à perpétuité par contumace pour atteinte à la sûreté de l'Etat dans l'affaire de l'attaque du domicile privé du président Condé le 19 juillet 2011 à Conakry.
Le 19 juillet 2011, le domicile privé du président avait été attaqué de nuit par des inconnus, huit mois après l'élection de M. Condé. Le gouvernement avait annoncé qu'Alpha Condé et sa famille s'en étaient sortis sains et saufs mais qu'un membre de la garde présidentielle avait été tué.
M. Bah a bénéficié en décembre 2015 d'une grâce présidentielle, après quatre ans d'exil en France.
Il avait été gracié avec 170 personnes dont trois, un policier et deux civils, qui avaient écopé de peines de prison ferme en relation avec cette attaque.
Le président Alpha Condé, 79 ans, a débuté le 21 décembre son second mandat.
Ancien opposant historique qui a passé de longues années en exil, il est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de la Guinée, ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, qui avait connu jusqu'alors des pouvoirs autoritaires. – AfricaLog avec agence