Le leader d'un petit parti de l'opposition burundaise a été abattu avec son garde du corps samedi soir à Bujumbura par des inconnus, a constaté l'un des survivants de l'attaque accusant des membres de la police présidentielle d'avoir commis cet assassinat.
Zedi Feruzi, le président de l'Union pour la paix et la démocratie (UPD), a été tué par balles alors qu'il rentrait chez lui dans le quartier de Ngagara. Peu après l'incident, son corps ensanglanté et celui d'un policier garde du corps gisaient devant son domicile.
M. Feruzi a reçu plusieurs balles, dont une dans la tête. Il circulait à pied avec trois personnes chargées de sa sécurité quand il a été attaqué.
L'un de ces policiers, grièvement blessé, a raconté la scène. Nous rentrions à pied, quand une voiture Toyota IT est arrivée à notre hauteur, les hommes à bord ont ouvert le feu sur nous. Je suis tombé, je ne sais plus ce qui s'est passé après, a expliqué cet homme, très affaibli, sur son lit d'hôpital, quelques instant avant d'entrer en salle d'opération.
Jean-Baptiste Bireha, un journaliste de Bonesha-FM, une radio locale, se trouvait sur place et était en train de discuter avec M. Feruzi quand les assaillants ont fait feu. M. Bireha, qui a été blessé de deux balles, dont l'une sous la clavicule, a raconté le scénario de l'attaque: M. Feruzi rentrait chez lui quand je l'ai rencontré avec trois de ses gardes.
Nous avons discuté pendant cinq minutes, puis une voiture Toyota est arrivée. Les gens à l'intérieur ont commencé à nous tirer dessus. C'était à bout portant, ils voulaient nous tuer, a souligné M. Bireha.
Je les ai bien vus, ils portaient des tenues policières, celles que portent les gens de la garde présidentielle, je suis formel, a-t-il accusé. Lorsqu'ils sont partis, ils criaient et ils chantaient, ils ont jeté des grenades pour faire peur, a précisé le journaliste, qui a dit désormais se cacher par peur d'être tué.
La présidence a de son côté réagi à l'assassinat.
C'est un choc. La présidence a appris avec consternation l'assassinat d'un membre de l'opposition, elle demande que la lumière soit faite d'une façon urgente afin que les coupables soient traduits devant la justice, a déclaré le conseiller à la communication de la présidence, Willy Nyamitwe.
Pour détourner l'attention et brouiller les pistes, ceux qui veulent commettre des crimes dans ce pays veillent toujours à porter soit une tenue de l'armée, soit celle de la police. Cela leur permet de faire endosser la responsabilité de leur crime au gouvernement ou aux institutions républicaines, a-t-il affirmé.
Petit parti d'opposition, l'UPD s'est un moment divisé, une faction se rapprochant du parti au pouvoir CNDD-FDD. Mais l'UPD était retourné récemment dans l'opposition, renouant avec un influent dissident du CNDD-FDD, Hussein Radjabu.
Environ une heure trente après l'incident, aucun policier n'était présent sur place. Deux barricades de pneus enflammés brûlaient à l'entrée de Ngagara et des groupes de jeunes surveillaient les allées et venues, interdisant l'entrée du quartier aux inconnus.
Vendredi soir, trois personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines blessées dans une attaque à la grenade en plein centre de la capitale.
Ces violences interviennent alors que le pays connaît depuis un mois un vaste mouvement de contestation populaire contre le président Pierre Nkurunziza, candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin.
Des manifestations ont lieu quasi quotidiennement, émaillées de nombreux heurts avec la police, avec près de 25 morts en quatre semaines. - AfricaLog avec agence