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Washington examine une réponse militaire contre Bachar al-Assad

Apr 06, 2017
Washington examine une réponse militaire contre Bachar al-Assad

Les États-Unis ont menacé la Syrie d'une réponse militaire après une attaque chimique présumée qui soulève une indignation internationale, Washington réclamant le départ du président Bachar al-Assad.

Une décision américaine de frapper le régime syrien pourrait être suspendue au vote jeudi soir du Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution des Occidentaux mais à laquelle la Russie pourrait opposer son veto.

Signe d'une accélération des évènements, le président Donald Trump a dénoncé une «honte pour l'humanité» après le raid mardi contre la localité de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest de la Syrie, qui a fait au moins 86 morts, dont 30 enfants.

En arrivant en Floride pour accueillir son homologue chinois Xi Jinping, le président républicain a réclamé que «quelque chose se passe» contre le régime syrien. Mais sans être plus explicite.

Son chef de la diplomatie Rex Tillerson a accusé «sans aucun doute dans nos esprits le régime syrien sous la gouverne du président Bachar al-Assad d'être responsable de cette attaque». La chancelière allemande Angela Merkel a, elle aussi, montré du doigt le «régime d'Assad».

Sans parler précisément d'action militaire, le secrétaire d'État américain a promis «une réponse appropriée à cette attaque aux armes chimiques qui viole toutes les résolutions précédentes des Nations unies (et) les normes internationales».

D'après un responsable américain, la Maison Blanche examine des options militaires présentées par le Pentagone.

Elles comporteraient des frappes afin de clouer au sol l'aviation syrienne. Le secrétaire à la Défense James Mattis en discuterait avec le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, le général H.R. McMaster. Deux navires de guerres américains armés de missiles Tomahawk croisent en Méditerranée orientale, a précisé un autre responsable de la Défense.

Indigné par cette attaque «odieuse», un «affront à l'humanité», le président Trump avait menacé mercredi de passer à l'action. Mais sans rien dire de son éventuelle stratégie.
À l'été 2013, son prédécesseur Barack Obama avait renoncé à frapper le régime syrien après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1400 morts. A l'époque, le magnat de l'immobilier Donald Trump avait exhorté sur Twitter M. Obama à ne pas intervenir en Syrie.

Jeudi, Rex Tillerson a en outre plaidé pour le départ du président syrien, après avoir dit le contraire il y a une semaine.

Dorénavant aux yeux du patron de la diplomatie américaine, «le rôle d'Assad à l'avenir est incertain et avec les actes qu'il a perpétrés, il semblerait qu'il n'ait aucun rôle pour gouverner le peuple syrien».

Jeudi dernier, lui et l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley avaient semblé s'accommoder du maintien au pouvoir du chef de l'État syrien, avant de hausser le ton cette semaine.

Le sénateur républicain Tom Cotton a dit sur CNN qu'il appuierait des frappes, sans que Washington «ait besoin d'essayer de changer immédiatement le régime en Syrie».

Perçu comme un isolationniste et hostile à l'interventionnisme de l'Amérique au Moyen-Orient, Donald Trump avait reconnu mercredi que l'attaque avait eu «un énorme impact» sur lui et que son «attitude vis-à-vis de la Syrie et d'Assad avait nettement changé».

Les grandes puissances débattaient de la Syrie depuis deux jours, dans un bras de fer au Conseil de sécurité, Moscou et son allié syrien rejetant les accusations des Occidentaux. L'attitude de la Russie, qui dispose d'un droit de veto, reste incertaine pour voter une résolution demandant une enquête.

Paris a mis en garde Moscou, qui a déjà utilisé à sept reprises son droit de veto sur la Syrie, où la guerre a fait depuis mars 2011 plus de 320 000 morts. «Ce serait une responsabilité terrible face à l'Histoire», a tonné l'ambassadeur français à l'ONU François Delattre.

Mais le président Vladimir Poutine a jugé «inacceptable» d'accuser sans preuve. Pour Moscou, Washington ne dispose pas d'une information «fiable» pour pointer du doigt le régime de Damas.

L'indignation internationale a pris de l'ampleur après des images d'enfants pris de convulsions sous leur masque à oxygène, de personnes gisant dans les rues et saisies de spasmes, de la mousse sortant de la bouche. Le caractère chimique de l'attaque semble ainsi se préciser, même si les circonstances restent controversées.

En Turquie, où de nombreux blessés ont été évacués, les premières analyses «effectuées à partir des éléments prélevés sur les patients laissent penser qu'ils ont été exposés à un agent chimique», selon le ministère de la Santé. Des médecins et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) ont également évoqué l'utilisation d'«agents neurotoxiques», en particulier le gaz sarin.

Ce gaz est inodore et invisible. Même s'il n'est pas inhalé, son simple contact avec la peau bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire.
Le régime syrien a été accusé d'avoir utilisé du gaz sarin le 21 août 2013 dans l'attaque de localités aux mains des rebelles en périphérie de Damas, qui avait fait au moins 1429 morts, dont 426 enfants, selon les États-Unis.

Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a réaffirmé que l'armée de son pays «n'a pas utilisé et n'utilisera jamais» d'armes chimiques contre son peuple, «pas même contre les terroristes», expression du régime pour désigner rebelles et jihadistes.
D'après lui, l'aviation a frappé «un entrepôt de munitions appartenant» à des jihadistes et «contenant des substances chimiques». Une explication déjà avancée par l'armée russe mais jugée «fantaisiste» par des experts militaires.

Hassan Youssef, un habitant, a raconté qu'il avait survécu à l'attaque en montant sur le toit d'un immeuble.

«J'avais entendu à la télévision qu'au moment d'une attaque chimique, il faut se rendre dans un endroit élevé car les substances toxiques restent plus proches du sol», a expliqué cet homme de 40 ans, hospitalisé à Idleb, à 65 km au nord de Khan Cheikhoun.

Hassan Youssef, un habitant, a raconté qu'il avait survécu à l'attaque en montant sur le toit d'un immeuble. «J'avais entendu à la télévision qu'au moment d'une attaque chimique, il faut se rendre dans un endroit élevé car les substances toxiques restent plus proches du sol», a expliqué cet homme de 40 ans, hospitalisé à Idleb, à 65 km au nord de Khan Cheikhoun. – AfricaLog avec agence