Youssouf Fofana a été condamné vendredi soir à la peine maximale, la perpétuité avec 22 ans de sûreté, pour l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006 près de Paris, mais l'avocat de la famille du jeune juif a dénoncé la "bienveillance" des juges à l'égard de ses complices.
Me Francis Szpiner a en appelé à la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie pour obtenir un nouveau procès. Il a souhaité que soit fait appel des condamnations visant les principaux complices, notamment des neuf ans de prison infligés à la jeune fille ayant servi d'appât pour le rapt d'Ilan. "Je regrette que la cour ait fait preuve d'une particulière bienveillance pour ceux qui ont aidé ou assisté Youssouf Fofana", a déclaré Me Szpiner. Un des avocats de la défense, Didier Seban, a en revanche salué un "verdict équilibré" correspondant, selon lui, "aux responsabilités de chacun". "Ils ont été condamnés pour leur personnalité exacte, pas pour faire un exemple", a renchéri Me Françoise Cotta, qui défendait un des 26 coaccusés. L'affaire à connotation antisémite avait ému toute la France. Ilan Halimi, 23 ans, enlevé dans la nuit du 20 au 21 janvier 2006 dans le but d'obtenir une rançon, avait été séquestré et torturé pendant trois semaines dans une cité HLM de Bagneux (Hauts-de-Seine). Retrouvé agonisant au bord d'une voie ferrée de l'Essonne le 13 février, il était mort lors de son transfert à l'hôpital. Youssouf Fofana, 28 ans, d'origine ivoirienne, qui a reconnu au cours du procès avoir porté seul les coups fatals à l'otage, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté conformément à ce qu'avait requis l'avocat général le 30 juin. Vêtu d'une tunique africaine bariolée, il a accueilli le verdict en mimant un applaudissement. Au cours des deux mois et demi de procès tenu à huis clos, il a multiplié les provocations, esquivant les questions sur les faits par des diatribes antisémites, lançant ses chaussures sur les parties civiles, récusant deux avocats ou refusant que deux autres plaident pour lui. Pour les 26 coaccusés -dont deux étaient mineurs au moment des faits- la cour d'assises des mineurs a infligé des peines allant de six mois avec sursis à 18 ans de réclusion, auxquelles s'ajoutent deux acquittements. Les deux complices jugés les plus actifs, Samir Aït Abdelmalek, 30 ans, et Jean-Christophe Soumbou, 23 ans, ont écopé respectivement de 15 et 18 ans de réclusion. Comme pour l'"appât", ces peines sont légèrement en deçà des réquisitions : entre 10 et 12 ans pour la jeune femme et 20 ans pour les deux principaux complices. "Les peines qui concernent les geôliers et l'appât sont pour la famille Halimi des peines qu'elle a du mal à comprendre et à accepter", a réagi Me Szpiner. C'est pourquoi il ne serait "pas anormal" qu'un nouveau procès ait lieu, a-t-il ajouté. Les réquisitions envers les complices avaient déjà été jugées trop clémentes par les parties civiles. Le verdict a été rendu publiquement après deux jours et demi de délibérations. Magistrats et jurés devaient répondre à environ 150 questions. - AFP