«J’ai demandé au Ministre de la Justice de prendre immédiatement les dispositions nécessaires à la mise en place d’un pool de juges chargés de faire la lumière sur les récents événements». «Personne ne doit être victime du fait de ses origines ou de ses opinions». «Mes condoléances aux familles et aux proches qui pleurent la perte d’un être cher». «J’invite tous les citoyens à dédier la journée du vendredi à la prière et au recueillement». «Ma porte restera toujours ouverte à tous pour discuter de l’avenir du pays dans le respect et l’esprit du vrai dialogue».
Ces quelques extraits sont contenus dans le message à la Nation du Président de la République, ce mardi, 28 mai 2013.
AfricaLog a transcrit les propos du Chef de l’Etat, pour ses aimables lecteurs:
«Guinéennes, Guinéens
Chers compatriotes,
A l’heure où l’Afrique célèbre ses cinquante ans d’unité, c’est le cœur meurtri que j’ai appris depuis Addis-Abeba, que notre pays offrait au monde l’image de division en contraste avec les valeurs que la Guinée a été une des premières à incarner.
J’ai immédiatement décidé d’écourter mon voyage et de rentrer pour prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la protection de tous et ramener la concorde dans notre pays.
J’insiste sur le fait que la violence est inacceptable; autrement, irresponsable et condamnable.
La violence, c’est une mère qui pleure son fils innocent, c’est un commerçant qui a perdu sa boutique et n’a plus de quoi travailler pour faire vivre sa famille, c’est une jeune femme qui ne peut plus aller au marché parce qu’elle a peur, ce sont des élèves qui sont détournés de leurs études au moment où ils doivent passer des examens pour couronner une année d’efforts intenses et de sacrifices.
La Guinée est un Etat de droit où nul n’est au-dessus de la loi. J’ai demandé au Ministre de la Justice de prendre immédiatement les dispositions nécessaires à la mise en place d’un pool de juges exclusivement chargés de faire la lumière sur les récents événements et de rendre justice à toutes les victimes.
Le droit de manifester est essentiel. J’ai lutté pendant plusieurs années et payé de ma propre liberté pour défendre le droit de s’exprimer et de penser librement.
Depuis 2010, la Guinée a pleinement rétabli les libertés fondamentales d’association, d’opinion et de manifestation. Il est essentiel que l’expression de ces libertés soit faite de façon pacifique et légale de sorte à ne porter atteinte à la sécurité des autres personnes et à leurs biens.
Il est essentiel aussi de permettre à tous les autres Guinéens de circuler librement sans entraves ni crainte.
En Guinée, personne ne doit être victime du fait de ses origines ou de ses opinions. C’est l’essence de tout mon combat.
C’est avec une grande tristesse que j’adresse ce soir mes condoléances aux familles et aux proches qui pleurent la perte d’un être cher.
Je tiens aussi à exprimer toute ma compassion aux personnes blessées, à celles qui ont été traumatisées par ces douloureux événements et celles qui ont perdu leurs biens.
Ce matin, accompagné du Ministre des Droits de l’Homme, j’ai tenu personnellement à rendre visite à nos blessés. J’ai pris l’engagement de prendre en charge tous les frais de soins.
En tant que Père de la Nation, je m’engage à ce que le Gouvernement prenne toutes les mesures pour assurer la protection de tous les citoyens et de leurs biens.
En dépit de toutes les turbulences qui ont ravagé notre région, la Guinée a toujours su préserver la paix, la concorde nationale grâce à notre longue tradition de tolérance, de fraternité et de pardon. Tâchons de préserver cet héritage.
J’invite tous les citoyens à dédier la journée du vendredi [31 mai 2013, NDLR] à la prière et au recueillement pour la consolidation de la paix, de la cohésion sociale et de l’unité nationale.
Ma porte restera toujours ouverte à tous pour discuter de l’avenir du pays dans le respect et l’esprit du vrai dialogue. J’appelle chaque Guinéen à œuvrer pour la paix.
Merci».
Propos recueillis et transcrits par AfricaLog.com