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Le drame des femmes qui voulaient arrondir leurs fessiers

Sep 03, 2013
Le drame des femmes qui voulaient arrondir leurs fessiers

Mercedes voulait un fessier plus rebondi pour plaire à son mari. Comme d'autres, elle a cru que l'injection de biopolymères allait lui permettre de réaliser son voeu, mais l'opération s'est muée en cauchemar et la douleur est aujourd'hui insoutenable.

Depuis 2011, ce produit synthétique continue de faire des ravages malgré l'interdiction de son injection à des fins de chirurgie plastique par le gouvernement en novembre 2012. Non protégé par une membrane, le gel peut provoquer un certain nombre de réactions et migrer dans d'autres parties du corps.

Il y a deux ans, Mercedes avait cédé aux encouragements de ses amies, alors que son mariage battait de l'aile. Elle avait franchi le pas dans un institut de Caracas, où lui avaient été injectés 560 cl de gel dans chaque fesse pour la somme de 5000 bolivars (800 dollars au change officiel).

«Je n'ai pas réalisé de quoi il s'agissait, je voulais jusque que (mes fesses) soient plus belles», raconte Mercedes, en attendant son tour dans une des deux cliniques du pays spécialisées dans le retrait de ce type de produit.

«La douleur fait en sorte que je ne peux même pas rester assise cinq minutes (...) je n'ai pas de vie», admet, abattue, cette femme de 45 ans qui préfère garder secret son nom de famille.

Astrid de la Rosa souffre de la migration du gel dans le bas du dos et les hanches. En 2011, elle a créé la fondation Non aux biopolymères, qui a pu dénombrer un total de 15 décès liés à l'injection de ce produit.

«Il y a des cas récents de fillettes auxquelles leurs parents ont offert l'injection de biopolymères dans les fesses et les seins pour leur 15 ans, et qui aujourd'hui le regrettent», explique-t-elle, soulignant que ce type d'injection est pratiqué dans les cliniques esthétiques comme dans les salons de beauté. Quelque 40 000 personnes auraient eu accès à ce type d'injection au Venezuela, selon sa fondation.

Et ces complications touchent aussi les hommes. Omar Guerrero, 35 ans, était instructeur dans une salle de sport à San Cristobal, dans l'État de Tachira (ouest), lorsqu'un infirmier lui a injecté des biopolymères dans les pectoraux.

Dans une conversation téléphonique, il confie aujourd'hui être cloué au lit depuis que, voici deux ans, le gel a migré vers ses muscles intercostaux, limitant ses mouvements et l'empêchant même de respirer normalement.

«Je ne peux pas faire d'exercice, je ne peux pas courir, je suis un mort vivant», se plaint Omar, à qui les médecins ont indiqué qu'il risquait de ne pas survivre à une opération. «Je ne sais pas à qui demander un miracle. C'est un enfer», poursuit-il.

Au Venezuela, comme au Brésil et en Colombie notamment, les implants sont largement répandus, toutes classes confondues, et concernent parfois des patientes mineures.

Le cabinet du chirurgien plastique Daniel Slobodianik, situé dans l'est de Caracas, ne désemplit pas. Parmi les neuf patients en consultation cet après-midi d'août, sept sont des femmes désirant se faire retirer des biopolymères.

«Depuis 2011, je dois avoir reçu environ 400 patientes» présentant ce type de complications, explique le chirurgien qui dirige une des deux seules cliniques du pays à se risquer à de telles opérations. Il applique un protocole encore expérimental de la Société vénézuélienne de chirurgie plastique (SVCP) qui ne garantit pas une rémission complète.

«Le seul cas dans lequel nous préconisons une intervention est lorsque le produit est rejeté par le corps», explique Jesus Pereira, président de la SVCP.

«C'est une situation particulière qui peut provoquer une septicémie et à terme la mort», ajoute-t-il, précisant que pour les autres cas, son organisme privilégie pour l'heure les traitements à base de stéroïdes, qui peuvent selon lui améliorer de 48% à 62% la condition du patient.

En outre, précise le docteur Slobodianik, qui a déjà opéré une cinquantaine de femmes et trois ou quatre hommes, «les biopolymères ne peuvent être retirés complètement, il reste toujours une partie du produit contre lequel l'organisme va lutter (...) C'est une pathologie chronique immunologique (...) dont 100% des patients avec des biopolymères vont souffrir».

«C'est un mal incurable», affirme-t-il. - AfricaLog avec agence