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Situation calme au Gabon au lendemain du décès d'Omar Bongo

Jun 09, 2009

La situation était calme mardi au Gabon, au lendemain du décès à l'âge de 73 ans du président Omar Bongo Ondimba, au pouvoir depuis près de 42 ans. Un deuil de 30 jours a été décrété, et la Cour constitutionnelle a annoncé que la présidente du Sénat serait nommée mercredi présidente par intérmim, en attendant une nouvelle élection présidentielle prévue d'ici la fin de l'été.

Le gouvernement, selon son porte-parole René Ndemezo'o Obiang, s'est réuni mardi d'urgence pour constater la vacance du pouvoir et saisir la Cour constitutionnelle, qui en a fait de même quelques heures plus tard. La haute instance a ensuite validé le transfert du pouvoir par intérim à la présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé.

Celle-ci prêtera serment mercredi lors d'une cérémonie à Libreville, la capitale du pays, a indiqué Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle. Mme Rogombé devra organiser, dans un délai de 30 à 45 jours, une nouvelle élection présidentielle.

Lundi soir, l'un des fils d'Omar Bongo, l'actuel ministre de la Défense Ali ben Bongo, est apparu à la télévision nationale pour appeler au calme la population. Il a déclaré s'exprimer au nom de sa famille, mais cette allocution a alimenté les rumeurs lui prêtant des vues sur la succession.

"Nous voulons que les amis du Gabon sachent que le pays fonctionne normalement malgré l'absence du président", a souligné mardi M. Obiang.

La dépouille mortelle d'Omar Bongo, a-t-il ajouté, sera rapatriée jeudi d'Espagne au Gabon, avant les funérailles dont la date n'a pas été fixée pour le moment. M. Obiang a précisé qu'elles auraient lieu à Franceville (centre du Gabon), chef-lieu de la province où Omar Bongo est né le 30 décembre 1935.

Il y a "de fortes chances" pour que le président français Nicolas Sarkozy assiste aux obsèques, a déclaré mardi un responsable français ayant requis l'anonymat. Dans tous les cas, "la France sera représentée à haut niveau", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Eric Chevallier a refusé de fournir des précisions sur la date et le lieu de ces funérailles. "Il appartient à la famille de décider" de cela, a-t-il souligné.

Interrogé sur la situation politique au Gabon, le porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré que la France désirait "que l'intérim se fasse dans (...) le cadre démocratique et constitutionnel prévu". L'ambassade de France "est vigilante quant à l'évolution de la situation et est en contact avec les ressortissants français, tout cela dans une grande sérénité et dans un grand calme", a affirmé M. Chevallier, précisant qu'"environ 10.000 Français" se trouvaient au Gabon.

Figure incontournable de la "Françafrique", Omar Bongo connaissait parfaitement les arcanes de la politique française -et ses secrets.

L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing (1974-81), a affirmé mardi sur Europe-1 qu'Omar Bongo avait "soutenu financièrement" Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1981.

"Normalement on n'acceptait pas des versements de fonds provenant de pays étrangers qui soutenaient les candidats en France et j'ai appris que Bongo soutenait financièrement Jacques Chirac", a-t-il raconté. "J'ai appelé Bongo et je lui ai dit: (...) 'vous êtes très aimable mais actuellement vous soutenez financièrement la campagne de mon concurrent'". "Il y a eu un temps mort (...) Il m'a dit 'Ah, vous le savez' (...) A partir de ce moment-là j'ai rompu mes relations personnelles avec lui", a expliqué VGE. Jacques Chirac n'a pas fait de commentaires.

Le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, beau-père d'Omar Bongo, a adressé mardi un message de condoléances à la présidente du Sénat, dans lequel il a notamment exprimé la reconnaissance du peuple congolais pour les "efforts inlassables" du président décédé en faveur de la paix dans la région.

Omar Bongo avait épousé la fille aînée du président Denis Sassou Nguesso, Edith Lucie Bongo Ondimba, décédée le 14 mars dernier à Rabat au Maroc, à la suite d'une longue maladie.

Le décès d'Omar Bongo, à la clinique Quirón de Barcelone où il était hospitalisé depuis plusieurs semaines, a été annoncé par le Premier ministre gabonais Jean Eyeghé Ndong dans un communiqué publié lundi en fin d'après-midi à Barcelone.

Quelques heures plus tôt, devant l'hôpital, il avait martelé que le président Bongo était "vivant", démentant des informations parues dans la presse française. Décédé d'une crise cardiaque selon M. Ndong, Omar Bongo souffrait de diabète et d'un cancer de la prostate selon un diplomate africain à Libreville.

Après l'annonce officielle du décès, le Gabon a décrété la fermeture de son aéroport international ainsi que de toutes ses frontières maritimes et terrestres. A Libreville, les forces de sécurité ont pris position devant les principaux bâtiments publics. AP