L'annonce lundi de la mort du président gabonais Omar Bongo Ondimba a provoqué une avalanche d'hommages au "sage" et à "l'ami", venus de personnalités politiques françaises, de nombreux dirigeants du continent africain ou encore du président américain Barack Obama.
Quelques organisations militantes ont évoqué quant à elles un passé moins reluisant et des soupçons de corruption et de clientélisme. Le président Obama s'est dit "attristé" par le décès du doyen des chefs d'Etat africains en soulignant son "rôle important dans le développement" des relations bilatérales et son "engagement à résoudre les conflits à travers le continent". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lui a également rendu hommage "pour le rôle clé qu'il a joué dans la recherche de la paix et de la stabilité" en Afrique. "Un ami" pour le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, un "sage" pour l'ex-président de la République Jacques Chirac et son épouse Bernadette, "un grand et fidèle ami de la France" pour le président Nicolas Sarkozy: les cercles politiques français ont salué un personnage-clé de la "Françafrique". "Il a été de tous les conflits en tant que médiateur, très souvent à la demande de la France, à la demande de l'Europe, en Centrafrique, au Congo Brazzaville, au Tchad", a insisté le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a regretté la perte d'un "fidèle ami du royaume", tout comme le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui pleurait son "ami et frère" et saluait "la mémoire de l'illustre disparu qui a oeuvré toute sa vie durant au service de son pays et de l'Afrique". Le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, qui s'était un temps brouillé avec M. Bongo après l'avoir qualifié de "rigolo et (de) donneur de leçon" a salué un "acteur clé" de l'"émancipation politique" africaine. Son homologue tchadien, Idriss Deby Itno, "profondément bouleversé" par le décès de son "grand ami", a décrété un deuil national de trois jours dans son pays. L'Union des forces de la résistance (UFR), qui rassemble la plupart des factions rebelles tchadiennes, a pour sa part rappelé "ses efforts pour ramener la paix" au Tchad. "C'est une très grande perte pour la République centrafricaine" pour laquelle M. Bongo s'était impliqué dans le "processus délicat de réconciliation et pacification", a souligné un porte-parole du pouvoir à Bangui. "C'est une perte immense pour le Gabon et l'Afrique entière. Nous venons de perdre un homme, un sage", a renchérit Alain Akouala Atipault, le porte-parole du gouvernement du Congo. Le président du Conseil de Paix et Sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, déplorait "la perte d'un très grand fils de l'Afrique qui a apporté des contributions significatives aux questions du continent ainsi qu'aux succès" de l'UA. Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a exprimé sa solidarité avec le peuple gabonais. Quelques organisations militantes ont cependant évoqué des soupçons de corruption et de clientélisme. "Il faut fermer la page d'une certaine forme de gestion et de gouvernance en Afrique avec un pouvoir absolu du président, qui est une espèce de +parrain+ (...)", a relevé Alioune Tine, responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) à Dakar. "C'était un président qui n'avait pas le souci de ses citoyens. Il a bien servi les intérêts de la France et des hommes politiques français", a estimé de son côté l'ancienne juge française et nouvelle députée européenne verte, Eva Joly. "La manne pétrolière n'a pas profité" aux Gabonais, a-t-elle estimé. "La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces années M. Bongo", a ajouté l'ancienne magistrate, qui a instruit la tentaculaire affaire Elf et ses ramifications gabonaises. - AFP